Les autorités sanitaires américaines ont révélé qu’un patient hospitalisé en Louisiane dans un état critique est porteur d’une version mutée du virus H5N1. Ces modifications génétiques, observées directement dans les voies respiratoires supérieures du malade, pourraient témoigner d’une tentative d’adaptation du virus aux humains.
Des mutations survenues dans l’organisme du patient
Les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) ont annoncé le 18 décembre qu’un homme âgé, atteint par la grippe aviaire, est hospitalisé dans un état grave. Les analyses ont montré que le virus avait développé des mutations génétiques, probablement apparues lors de sa réplication chez le patient. Ces altérations semblent faciliter l’interaction du virus avec les récepteurs cellulaires des voies respiratoires supérieures humaines.
Malgré ces observations, les CDC ont assuré qu’aucun cas de transmission de cette version mutée n’avait été identifié. Les oiseaux contaminés, notamment ceux en contact avec le patient dans une basse-cour, n’ont pas montré de traces similaires de mutations.
Interrogée par l’AFP, Angela Rasmussen, virologue à l’Université de Saskatchewan au Canada, a précisé que cette mutation constitue une « étape nécessaire » pour rendre le virus plus contagieux. Cependant, elle insiste sur le fait qu’elle est loin d’être suffisante pour engendrer une transmissibilité accrue entre humains. Selon Thijs Kuiken, chercheur au Centre médical universitaire Erasmus aux Pays-Bas, ces mutations pourraient, au contraire, rendre les infections moins graves, en se limitant aux voies respiratoires supérieures, où elles provoqueraient des symptômes légers comme des écoulements nasaux ou des maux de gorge.
Une situation sous surveillance
Depuis le début de l’année, 65 cas bénins de grippe aviaire ont été recensés chez des humains aux États-Unis. Les CDC estiment que d’autres infections, passées inaperçues, sont possibles. La grippe aviaire A (H5N1), découverte pour la première fois en 1996, connaît depuis 2020 une recrudescence importante chez les oiseaux et touche un nombre croissant de mammifères.
Si ce cas en Louisiane marque une avancée dans la compréhension des adaptations du virus, les experts s’accordent à dire qu’il est prématuré de parler d’une menace pandémique. Des études supplémentaires, notamment sur des modèles animaux, seront nécessaires pour évaluer les implications de ces mutations sur la transmissibilité et la gravité de la maladie.