Grève SNCF : des revendications éclipsées par une faible mobilisation

Entrevue 1

La journée de grève nationale de ce jeudi à la SNCF, organisée à l’appel de tous les syndicats, n’a pas provoqué de chaos généralisé, mais des perturbations localisées sont signalées. Malgré les appels à une forte mobilisation, le mouvement reste en demi-teinte, à la suite des récentes annonces de revalorisations salariales limitées pour 2025.

Les TGV Inoui et Ouigo roulent quasi normalement, mais seulement 70 % des TER et 50 % des Intercités circulent aujourd’hui. En Île-de-France, les lignes R du Transilien et le RER D, bastions traditionnels de Sud-Rail, sont particulièrement touchés avec seulement un train sur trois en circulation.

Un ultimatum peu suivi

Cette grève visait à mettre la pression sur le gouvernement et la direction de la SNCF après l’annonce, début novembre, du démantèlement de Fret SNCF, principal opérateur public du transport de marchandises par rail. Cependant, la mobilisation reste limitée, un échec pour les syndicats qui espéraient faire de cette journée un « ultimatum » avant la possibilité d’un mouvement reconductible à partir du 11 décembre.

Les revendications incluent un moratoire sur le démantèlement de Fret SNCF, garanti sans licenciements, ainsi qu’un arrêt de la création de filiales pour les TER, perçues comme une menace à long terme pour les conditions de travail des cheminots.

Pour Thierry Nier, secrétaire général de la CGT-Cheminots, le faible taux de participation s’explique par la complexité du sujet : « Se dire ‘je suis touché par ce qui arrive au fret’, ce n’est pas une évidence », a-t-il déclaré, rappelant que Fret SNCF ne représente que 5.000 cheminots sur les 150.000 employés du groupe.

Les syndicats mettent néanmoins en garde contre une dynamique qu’ils jugent préoccupante. Ils estiment que la « filialisation » observée dans le transport de voyageurs, notamment avec le transfert imminent de 1.200 cheminots dans de nouvelles entités pour exploiter des réseaux régionaux de TER, est une menace directe pour les droits des salariés.

Les salaires, un sujet sous-jacent ?

Si la question des salaires n’était pas officiellement au cœur du préavis, elle pèse sur le climat social. Les négociations annuelles obligatoires, conclues mercredi, ont abouti à une proposition d’augmentation de 2,2 %, loin des hausses des années précédentes, dans un contexte de forte inflation.

Le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, avait anticipé les critiques : « Les Français ne comprendraient pas une grève longue et dure en décembre pour des questions de salaire », a-t-il déclaré en début de semaine, dénonçant ce qu’il qualifie de « stratégie du détournement ». Les syndicats réfutent ces accusations, affirmant que leurs revendications sont claires et distinctes.

L’intersyndicale, composée de la CGT-Cheminots, l’Unsa-Ferroviaire, Sud-Rail et la CFDT-Cheminots, réclame également une loi de programmation pluriannuelle pour garantir le financement de l’entretien du réseau ferroviaire.

Les quatre fédérations syndicales doivent se réunir ce soir pour décider des suites à donner à leur mouvement, alors que se profile l’éventualité d’une grève reconductible en décembre, période stratégique pour les déplacements des fêtes de fin d’année.

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