Le climat social se tend à la Société générale. Ce mardi 25 mars, l’ensemble des syndicats de la banque appelle à la grève, une première depuis la nomination de Slawomir Krupa à la tête du groupe en mai 2023. À l’origine de ce mouvement : un désaccord persistant sur les rémunérations, que les syndicats jugent insuffisantes au regard des sacrifices consentis par les salariés.
L’intersyndicale – CFDT, CFTC, CGT, SNB CFE-CGC – accuse la direction d’avoir tourné le dos au dialogue social. En décembre dernier, les négociations annuelles obligatoires (NAO) se sont soldées par un échec, les syndicats refusant de signer l’accord proposé. Depuis, le ton n’a cessé de monter. Selon les représentants du personnel, la banque n’offre « aucune rétribution à hauteur des efforts engagés », notamment dans un contexte de réorganisation profonde.
La grogne touche plusieurs points : rémunérations gelées ou peu évolutives, entraves à la mobilité interne, conditions de travail dégradées par des plans successifs de restructuration. Pour les syndicats, le fossé se creuse entre les ambitions affichées pour les résultats économiques et la reconnaissance concrète du travail des salariés.
De son côté, la direction affirme avoir prévu en 2025 une enveloppe salariale équivalente à 3 % de la masse salariale, destinée à des mesures collectives et individuelles. Elle souligne que cette enveloppe est supérieure au taux d’inflation prévu. À cela s’ajoutent, selon la banque, 353 millions d’euros devant être redistribués aux salariés via l’actionnariat salarié et la rémunération financière, soit l’équivalent de 14 % de la masse salariale fixe 2024.
Mais les chiffres ne suffisent pas à apaiser la colère. Dans un contexte de réduction des coûts tous azimuts, marqué notamment par la fusion entre la Société générale et le Crédit du Nord et la suppression de plus de 4 600 postes, la méfiance est de mise. Les syndicats accusent le groupe de mener une stratégie brutale et unilatérale, où les salariés seraient la variable d’ajustement.
Le directeur général Slawomir Krupa, qui a récemment affirmé dans la presse que « rien n’était sacré » dans la quête d’efficacité du groupe, semble décidé à maintenir le cap de la transformation. Mais cette journée de grève marque une inflexion : pour les salariés, il est temps d’être entendus autrement qu’à travers des tableaux Excel.