Le réalisateur portugais Miguel Gomes, déjà salué pour Tabou et Les Mille et Une Nuits, livre avec Grand Tour une fresque cinématographique inclassable. Le film, qui mêle les époques et alterne entre noir et blanc et couleurs, emmène le spectateur dans une Asie coloniale onirique du début du XXe siècle, tout en le confrontant à des résonances contemporaines. Récompensé par le prix de la mise en scène au Festival de Cannes, Grand Tour sera à l’affiche à partir du 27 novembre 2024.
Une quête sentimentale et initiatique
L’histoire s’ouvre à Rangoon, en 1918, où Edward, fonctionnaire britannique, fuit le jour de son mariage, laissant sa fiancée Molly désemparée. Convaincue qu’il est l’homme de sa vie, Molly entreprend de le retrouver, en suivant les traces de son « grand tour » à travers l’Asie. Inspiré par un épisode réel relaté par Somerset Maugham dans Un Gentleman en Asie, Gomes transforme cette cavale en un périple initiatique où les paysages exotiques et les rencontres singulières prennent autant de place que les drames intimes.
Le film oscille entre le romanesque et le poétique, porté par une mise en scène audacieuse. Les critiques louent notamment l’utilisation magistrale des formats visuels et des cadrages. « Le passé et le présent ne font qu’un ici, le réel et l’imaginaire, idem. Ce sont ces fusions, accomplies de manière fluide, qui concourent à l’enchantement », écrit Jacques Morice dans Télérama.
Un hommage aux origines du cinéma
En déployant des décors et costumes somptueux, des dialogues en plusieurs langues, et une photographie tantôt expressionniste, tantôt picturale, Grand Tour revendique un ancrage dans le cinéma des origines. Gomes allie une narration classique à une esthétique audacieuse, explorant les tensions entre l’individu et l’Histoire, l’amour et la liberté.
À travers le personnage de Molly, héroïne déterminée et malicieuse, le film célèbre également la force des femmes, leur résilience et leur capacité à transcender les stéréotypes. « Dans n’importe quelle circonstance, on peut faire le choix de la dignité et de l’humanité », a déclaré Miguel Gomes en entretien, soulignant l’essence humaniste de son œuvre.