Gouvernement Barnier : la classe politique déchaînée face à la nouvelle équipe

22 septembre, 2024 / Entrevue

Le tout nouveau gouvernement dirigé par Michel Barnier, nommé le samedi 21 septembre 2024, suscite des réactions virulentes de la part des différentes factions politiques. Après la dissolution de l’Assemblée nationale et des mois d’attente sans majorité claire, l’arrivée de ce gouvernement, dominé par des figures de la coalition présidentielle et du parti Les Républicains (LR), a ravivé les tensions sur la scène politique française.

Opposition de droite : « Un retour du macronisme »

Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), a critiqué vivement ce qu’il considère comme une résurgence du « macronisme par une porte dérobée ». Selon lui, ce gouvernement, composé en partie de personnalités ayant échoué aux élections législatives, est déconnecté des attentes des Français et voué à l’échec. Il a déclaré sur X (ex-Twitter) que ce gouvernement n’avait « aucun avenir ».

Marine Le Pen a également exprimé son mécontentement, selon elle, ce remaniement est une trahison de la volonté de changement exprimée par les Français lors des élections de juin dernier. Eric Ciotti, qui a formé une alliance avec le RN, a renchéri en qualifiant ce gouvernement de « victoire du macronisme », reprochant à Emmanuel Macron de poursuivre une politique qu’il juge responsable de l’échec national.

Mélenchon appelle à la censure immédiate

Du côté de La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon a appelé à se « débarrasser au plus vite » de ce gouvernement qu’il juge illégitime. Il a dénoncé la nomination de Bruno Retailleau (LR) au ministère de l’Intérieur, un homme qu’il qualifie d’« inquiétant ». Selon lui, la gauche doit immédiatement voter une motion de censure dès la reprise des travaux parlementaires. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée, a également critiqué ce qu’elle appelle « l’extrême-droitisation » de la Macronie.

La gauche et les écologistes unis contre le gouvernement

La gauche, quant à elle, se montre tout aussi offensive. Boris Vallaud, chef des députés socialistes, a dénoncé une « trahison du vote des Français », accusant ce gouvernement de n’être qu’une simple continuation du macronisme. Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon, a évoqué une humiliation pour la démocratie, tandis que Marine Tondelier, patronne des écologistes, a qualifié ce gouvernement de « contre nature ».

Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Écologiste et social, a pour sa part souligné l’absence de légitimité démocratique de ce gouvernement, rejoignant ainsi le chœur des voix réclamant une motion de censure immédiate.

Les ONG inquiètes pour l’environnement

Les critiques ne se limitent pas à la sphère politique. Les organisations environnementales ont également exprimé leurs doutes. Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, a regretté que le gouvernement semble déjà enfermé dans les « logiques dépassées de l’ancien monde », loin des ambitions nécessaires pour répondre aux urgences climatiques et sociales. Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, s’est dite dans l’expectative quant à la vision écologique de la nouvelle ministre Agnès Pannier-Runacher.

Une majorité fragile et un avenir incertain

Du côté des partisans du nouveau gouvernement, les réactions sont plus mesurées. Constance Le Grip (Ensemble pour la République) et Agnès Firmin-Le Bodo (Horizons) ont appelé à soutenir ce gouvernement pour le bien du pays, tout en exprimant une certaine vigilance quant aux orientations politiques à venir.

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a affirmé que l’institution était prête à travailler de manière constructive pour répondre aux attentes des Français. Mais face aux nombreuses critiques, tant de l’extrême droite que de la gauche, la survie du gouvernement Barnier reste très incertaine. Dès le début de la prochaine session parlementaire, il devra affronter une motion de censure portée par une large frange de l’opposition.

Le gouvernement de Michel Barnier, bien que nommé après de longues négociations, semble déjà confronté à un avenir politique des plus incertains.