Le gouvernement américain a officiellement demandé à la justice, ce mercredi, d’ordonner à Google de céder son navigateur Chrome. Une sanction d’ampleur historique qui, si elle était mise en œuvre, marquerait un tournant dans la régulation des géants technologiques.
Un revirement majeur dans la lutte antitrust
Cette démarche du ministère de la Justice intervient après un jugement rendu cet été par Amit Mehta, juge fédéral de Washington, qui avait conclu à la culpabilité de Google pour pratiques anticoncurrentielles visant à maintenir son monopole dans la recherche en ligne. Désormais, les autorités souhaitent imposer des mesures drastiques, notamment la scission de Chrome et l’interdiction de contrats contraignants avec les fabricants de smartphones.
Le ministère demande également que Google cesse de tirer profit de son système d’exploitation Android pour promouvoir ses autres produits. Faute de concessions suffisantes, il pourrait même être exigé que l’entreprise cède Android, un élément central de son écosystème.
Un avenir incertain sous la présidence Trump
L’affaire intervient dans un contexte politique complexe. Donald Trump, président élu, prendra ses fonctions en janvier et nommera une nouvelle équipe à la tête des autorités de régulation. Alors qu’il s’est montré critique envers les grandes entreprises technologiques, qualifiant leurs pratiques de « cartel de la censure », il a également estimé qu’un démantèlement pourrait être « excessif ». Cette ambiguïté pourrait influencer la suite des procédures, notamment si l’affaire venait à remonter jusqu’à la Cour suprême.
Selon les données de StatCounter, Google contrôle 90 % du marché mondial de la recherche en ligne et 94 % sur les smartphones. Son navigateur Chrome joue un rôle clé dans cette domination, servant de porte d’entrée quasi-exclusive à son moteur de recherche. En outre, les procès ont révélé des accords financiers massifs entre Google et des fabricants tels qu’Apple et Samsung pour garantir l’installation par défaut de ses services.
Ces pratiques, jugées anticoncurrentielles, avaient déjà conduit un juge fédéral de Californie, en octobre dernier, à ordonner à Google de permettre l’installation de boutiques d’applications concurrentes à son Play Store. Une décision saluée par Epic Games, créateur du célèbre jeu Fortnite, qui s’était opposé au géant technologique.
Vers une refonte du marché numérique
Les propositions des autorités pourraient, si elles sont adoptées, redessiner en profondeur le paysage de la recherche en ligne et affaiblir la position dominante de Google. Cependant, le processus promet d’être long et complexe, Google ayant déjà annoncé son intention de faire appel, dénonçant une approche « radicale » de la part des régulateurs.
L’issue de cette bataille juridique, qui mobilise aussi bien les États-Unis que l’Union européenne, pourrait servir de précédent pour les futures régulations dans l’industrie technologique. Mais pour l’heure, le géant californien reste déterminé à défendre son modèle économique, quitte à engager un bras de fer judiciaire de plusieurs années.