Gérard Larcher dénonce la décision unilatérale de Macron de dissoudre l’Assemblée nationale

27 juin, 2024 / Entrevue

Les critiques envers Emmanuel Macron se multiplient depuis la dissolution de l’Assemblée nationale prononcée le dimanche 9 juin. Dans un entretien accordé au Parisien ce jeudi 26 juin, Gérard Larcher s’en est pris fermement à la décision prise par le chef de l’Etat.


Gérard Larcher l’affirme : la dissolution de l’Assemblée nationale fut pour lui un véritable choc. En effet, ce dernier explique avoir appris la nouvelle par un coup de téléphone « d’une minute trente », moins d’une heure avant l’annonce officielle de l’Elysée. Très marqué par l’évènement, Gérard Larcher dénonce un « manque de consultation » de la part du Président de la République : « Emmanuel Macron mesure-t-il les risques qu’il fait prendre à la France ? Il me dit ‘J’ai décidé de dissoudre’ : je n’appelle pas ça une consultation, mais une information. J’en ai pris acte, mais je ne l’ai pas senti comme une marque de considération. Yaël Braun-Pivet a eu le droit à un traitement assez comparable. (…) C’est une interprétation personnelle de la Constitution ! ».


Par ailleurs, Gérard Larcher critique les conséquences que cette dissolution a eu sur la situation politique française. Le Président du Sénat dénonce « une crise politique » qui risque de provoquer une « crise institutionnelle ». De plus, il désapprouve le manque de temps de préparation des nouvelles élections législatives, assurant qu’Emmanuel Macron « ratatine la démocratie » avec une campagne d’une durée très courte de « deux semaines », et ce juste avant les vacances scolaires.


Gérard Larcher explique également qu’Emmanuel Macron est rejeté des Français depuis son choix controversé. Il affirme ressentir un profond « rejet de la personnalité du président de la République et de sa gouvernance solitaire » sur le terrain. De surcroît, il accuse le chef de l’Etat de tendre un peu plus la situation par ses prises de parole. « Peut-il laisser la fin de la campagne se dérouler sans souffler sur les braises tous les deux jours ? Je ne crois pas qu’un président devrait sous-entendre publiquement qu’il ne tiendrait pas le pays si les Français votaient pour les extrêmes », a-t-il déclaré.


Toutefois, lorsqu’il est interrogé sur la possibilité d’une démission d’Emmanuel Macron, Gérard Larcher se veut discret, restant à l’écart de la question : « c’est sa décision, elle lui appartient ». « Essayons de ne pas en rajouter. Laissons d’abord les Français s’exprimer. Ce n’est pas sérieux de jouer avec l’avenir de la France », a-t-il affirmé.

Simon Bradane