Lors de son premier déplacement en tant que garde des Sceaux, Gérald Darmanin a plaidé pour une augmentation des moyens alloués à la justice afin de répondre aux enjeux de lenteur et de fermeté.
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a choisi le jour de Noël pour effectuer son premier déplacement officiel en Picardie, au tribunal judiciaire d’Amiens. Face à la presse, il a affiché sa volonté d’obtenir des ressources supplémentaires pour son ministère, en vue de rendre la justice plus rapide et efficace. « La justice est malheureusement trop lente, les magistrats sont les premiers à s’en plaindre », a-t-il déclaré. Il a souligné que cette accélération ne pourrait se faire « avec des moyens constants ». Selon lui, les priorités passent par « plus d’effectifs, plus de greffiers, et plus de magistrats ».
Un équilibre budgétaire à trouver
Malgré cette ambition, Gérald Darmanin se veut pragmatique face aux contraintes budgétaires. « Nous serons raisonnables », a-t-il assuré, en appelant néanmoins à une augmentation des crédits alloués au ministère de la Justice. À cet effet, il a prévu de rencontrer lundi prochain Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, pour évoquer ce qu’il qualifie de « dossier extrêmement important ».
La nomination de M. Darmanin à la tête de la Justice suscite des interrogations chez certains syndicats de magistrats, inquiets notamment de son discours axé sur la fermeté et sa volonté de collaboration étroite avec le ministère de l’Intérieur. Le ministre a tenté d’apaiser ces craintes : « J’ai des convictions politiques, bien sûr, mais je suis un homme de dialogue. » Il a précisé avoir contacté « l’intégralité des responsables syndicaux » pour des échanges prévus dès jeudi. « Tous les sujets sont à mettre sur la table », a-t-il affirmé.
Surpopulation carcérale et réformes en cours
Dans la continuité de son prédécesseur Didier Migaud, Gérald Darmanin a confirmé le maintien du projet de réforme de la définition pénale du viol, intégrant la notion de consentement. « Le texte de loi est attendu pour le printemps prochain, et j’en discuterai avec les parlementaires et le Premier ministre », a-t-il indiqué.
Le ministre s’est également exprimé sur la question de la surpopulation carcérale, un problème récurrent en France. Alors que le pays compte plus de 80 000 détenus pour une densité carcérale de 128,5 %, il a insisté sur l’importance de diversifier les solutions d’incarcération. « On n’a pas toujours besoin de grandes prisons pour des peines de 20 ans. Nous devons réfléchir à des structures à taille humaine, permettant notamment l’exécution des peines courtes », a-t-il imaginé.