Gérald Darmanin : Une feuille de route ambitieuse pour la Justice

Entrevue 1

Le nouveau ministre de la Justice, Gérald Darmanin, ne perd pas de temps. Depuis son arrivée à la chancellerie le 23 décembre, l’ancien ministre de l’Intérieur multiplie les annonces et les visites sur le terrain. Dans une interview accordée au Parisien, il présente sa méthode, qu’il décrit comme « pragmatique et résolument ancrée dans la réalité », vise à répondre rapidement aux urgences de la justice : criminalité organisée, surpopulation carcérale et lenteur des procédures judiciaires.

Lutte contre le narcobanditisme : « un moment de bascule »

« Nous sommes dans un moment de bascule face à la criminalité organisée », alerte Darmanin. Parmi ses priorités : l’isolement des 100 plus grands narcotrafiquants actuellement incarcérés en France. « Comme pour les terroristes, ces détenus doivent être coupés de tout contact avec l’extérieur », explique-t-il. Cette mesure s’accompagnera d’une saisie massive des téléphones portables en prison, outil central des trafiquants pour continuer leurs activités.

Darmanin prône également la création d’un parquet national spécialisé dans la lutte contre la criminalité organisée, inspiré des modèles antiterroriste et financier. « Il est temps de déployer des moyens à la hauteur de cette menace pour notre société », plaide-t-il.

Surpopulation carcérale : des solutions à taille humaine

Avec 82 000 détenus pour seulement 60 000 places, la surpopulation carcérale est une autre priorité du ministre. Pour y répondre, il propose de construire des établissements à taille humaine, destinés aux courtes peines. Ces structures plus petites et plus rapides à construire pourraient accueillir des détenus pour quelques mois, semaines ou jours. « Tout le monde ne doit pas être mêlé à des criminels endurcis dans des prisons suréquipées », détaille-t-il.

« Les Français ne comprennent pas pourquoi il faut parfois attendre des années pour un procès », déplore Darmanin. Face à ces délais, il s’engage à accélérer le recrutement de 1 600 personnels de justice supplémentaires en 2024 et à simplifier les procédures. Une circulaire sera publiée avant le 1er janvier pour donner la priorité aux violences contre les personnes, au narcobanditisme et aux atteintes aux forces de l’ordre.

Une gouvernance « au service des Français »

« Un mineur de 2024 n’est pas celui de 1944 », affirme Darmanin, favorable à une évolution de la loi. Il soutient notamment la proposition d’inverser l’excuse de minorité pour laisser cette décision à l’appréciation des juges. Le ministre défend également l’idée de comparutions immédiates pour les mineurs, afin de répondre rapidement aux actes de délinquance.

Malgré les critiques, Darmanin se défend d’être trop présent sur le terrain. « J’en ai vu tant qui ne faisaient pas assez », rétorque-t-il. Le ministre revendique un style direct, inspiré de son expérience de maire, et assume ses déplacements pour être à l’écoute des acteurs de la justice et des Français. « Chaque jour compte pour améliorer la vie des Français », conclut-il, se disant fidèle au Président Emmanuel Macron et déterminé à mener à bien ses réformes ambitieuses.

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