La Géorgie traverse une crise politique majeure. Salomé Zourabichvili, présidente pro-européenne du pays, a annoncé ce samedi qu’elle resterait en poste jusqu’à l’organisation de nouvelles élections législatives, malgré la fin prévue de son mandat cette année.
Dans un entretien exclusif accordé à l’AFP, Zourabichvili a déclaré : « Tant qu’il n’y aura pas de nouvelles élections et un Parlement qui élira un nouveau président selon de nouvelles règles, mon mandat se poursuivra. » Elle s’oppose fermement au gouvernement dirigé par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, qui prévoit d’élire un nouveau président le 14 décembre.
Un climat politique tendu
La contestation politique s’est intensifiée après les élections législatives du 26 octobre, que les partis d’opposition pro-européens accusent d’avoir été entachées d’irrégularités massives. Bien que le Rêve géorgien ait proclamé sa victoire, les résultats n’ont pas été reconnus par l’opposition ni par la communauté internationale, selon Mme Zourabichvili : « Personne en dehors de la Géorgie, parmi nos partenaires démocratiques, n’a reconnu les élections. »
Le nouveau Parlement, contrôlé par Rêve géorgien, a l’intention de désigner le prochain président via un collège électoral, conformément aux réformes constitutionnelles adoptées en 2017. Ce mécanisme, critiqué pour son manque de transparence, assure quasiment l’élection de Mikheil Kavelachvili, un ancien footballeur devenu politicien d’extrême droite.
Mobilisation populaire et résistance
Face à cette situation, Salomé Zourabichvili, ancienne diplomate française née à Paris, a pris l’initiative de créer un « conseil national » regroupant des partis d’opposition et des membres de la société civile. Cet organe, selon elle, représente la véritable légitimité démocratique du pays : « Pas de relations avec des représentants illégitimes de ce pays. Faites des affaires avec nous, nous représentons la population géorgienne. »
Les manifestations se multiplient en Géorgie. Depuis plus d’un mois, des dizaines de milliers de citoyens descendent dans la rue pour dénoncer les fraudes électorales et soutenir la présidente dans son combat pour de nouvelles élections. Les tensions ont été exacerbées par l’annonce du Premier ministre Irakli Kobakhidzé, qui a repoussé à 2028 l’objectif d’ouvrir des négociations d’adhésion à l’Union européenne. Cette décision a déclenché une nouvelle vague de protestations, marquées par des affrontements violents entre manifestants pro-européens et forces de l’ordre.
La question européenne au cœur du conflit
Les aspirations européennes de la Géorgie se heurtent aux accusations contre le Rêve géorgien, accusé de vouloir rapprocher le pays de la Russie au détriment de l’intégration européenne. Bruxelles a exigé une enquête sur les irrégularités électorales et prévoit l’envoi prochain d’une mission à Tbilissi. Pour Salomé Zourabichvili, cette mission sera déterminante : « Elle doit nous aider à mettre en place de nouvelles élections. Nous sommes très confiants dans le soutien de nos partenaires européens et américains. »
Alors que le mandat de la présidente s’approche de sa fin officielle, la bataille pour l’avenir démocratique de la Géorgie semble loin d’être terminée. Dans ses mots, « une société qui prend son avenir en main est une force irrésistible. »