Georges Brassens menacé dans le métro : le combat pour sauver une mosaïque emblématique

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Dans l’univers effervescent du métro parisien, un discret mais précieux hommage à Georges Brassens est menacé. À la station Porte des Lilas, sur la ligne 11, un portrait en mosaïque du célèbre chanteur et poète, pipe au coin des lèvres et regard malicieux, veille sur les usagers depuis la fin des années 1980. Cet hommage à sa chanson “Les Lilas” pourrait disparaître, emporté par des travaux de rénovation entrepris par la RATP pour lutter contre les infiltrations d’eau.

Cette mosaïque, réalisée par l’artiste Michel L’Huillier, s’accompagne de deux représentations florales de lilas, symbolisant à la fois la chanson de Brassens et la localité voisine. Pourtant, la RATP affirme que leur maintien sur place compromet l’étanchéité de la station, justifiant ainsi leur dépose prochaine.

Face à cette menace, l’association Racines du 93 a lancé une pétition pour “sauver” les mosaïques. Plus de 6 600 signataires et plusieurs élus locaux, dont les maires des Lilas et du XIXe arrondissement de Paris, soutiennent cette initiative.

La RATP, tout en se disant “attachée au patrimoine du métro parisien”, insiste sur les contraintes techniques justifiant la dépose des fresques. Elle propose de préserver la mémoire de l’œuvre par des photographies ou une nouvelle intervention artistique. Mais pour Michel L’Huillier, l’artiste, cela ne suffit pas : “Ce serait une présentation simpliste des choses. Ces mosaïques sont un ouvrage pérenne, pas une simple décoration interchangeable.”

Au-delà d’un simple conflit technique, l’affaire cristallise un débat plus large sur la place du patrimoine dans l’espace public. La mosaïque de Georges Brassens n’est pas seulement une œuvre d’art : elle est un morceau d’histoire et de poésie au cœur du quotidien des voyageurs. Pour ses défenseurs, la préserver sur place, là où elle a été pensée et installée, est essentiel pour honorer la mémoire de l’artiste et enrichir l’âme du métro parisien.

Le combat pour ces mosaïques devient ainsi le symbole d’une lutte pour que l’art et la culture restent accessibles à tous, même dans les lieux les plus inattendus.

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