Geneviève Page, comédienne emblématique du théâtre et actrice marquante du cinéma, est décédée vendredi 14 février à son domicile parisien, à l’âge de 97 ans. Son décès a été annoncé par sa petite-fille, la comédienne Zoé Guillemaud. Avec une carrière de plus de cinquante ans, elle a brillé aussi bien sur les planches que sur grand écran, travaillant avec des metteurs en scène prestigieux comme Jean Vilar au Théâtre National Populaire (TNP) ou Luis Buñuel au cinéma. Son élégance et son talent lui ont permis d’interpréter des rôles marquants, notamment dans Belle de jour (1967), où elle incarne Madame Anaïs, une tenancière de maison close sophistiquée face à Catherine Deneuve.
Formée à la Comédie-Française et au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Geneviève Page s’est imposée dès les années 1950 comme une figure incontournable du théâtre classique. Elle a partagé la scène avec Gérard Philipe dans Lorenzaccio et Les Caprices de Marianne, et s’est illustrée dans des pièces de Molière, Racine ou Musset. Parallèlement, elle mène une carrière internationale au cinéma, jouant dans Fanfan la Tulipe (1952) aux côtés de Gina Lollobrigida et Gérard Philipe, Le Bal des adieux (1960) sous la direction de George Cukor, ou encore La Vie privée de Sherlock Holmes (1970) de Billy Wilder. Refusant de se laisser enfermer dans un registre, elle surprend en 1979 avec Buffet froid de Bertrand Blier, où elle incarne une veuve au tempérament sulfureux.
Bien que le théâtre ait toujours été son premier amour, Geneviève Page a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma français et international. Sa curiosité insatiable l’a conduite à jouer jusqu’à un âge avancé, notamment dans Britannicus en 2011, mis en scène par Michel Fau. “Le théâtre, ça commence et ça finit”, disait-elle, consciente de la nature éphémère de son art. Son élégance naturelle, son regard perçant et sa voix singulière resteront gravés dans la mémoire des spectateurs et des amoureux du théâtre et du cinéma.