Gel des crédits de l’Aide Médicale d’État : le gouvernement opte pour la maîtrise des dépenses

16 octobre, 2024 / Entrevue

Le gouvernement français a décidé de revenir sur son projet initial d’augmenter le budget alloué à l’Aide Médicale d’État (AME), destinée aux personnes en situation irrégulière. Après avoir annoncé une hausse de 8 % des crédits pour 2025, passant de 1,2 à 1,3 milliard d’euros, un amendement sera finalement déposé pour geler ces dépenses, a déclaré mardi le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin.

Une décision motivée par la maîtrise budgétaire

Le ministre a justifié ce revirement par la nécessité de mieux contrôler les dépenses publiques, précisant que l’AME « reste un enjeu de santé publique et d’humanité ». Bien que le dispositif ne soit pas remis en cause, le gouvernement souhaite éviter toute augmentation des crédits alloués à cette aide, qui représente environ 0,5 % du budget de la Sécurité sociale. Fin 2023, on comptait 466 000 bénéficiaires de l’AME.

Divergences au sein du gouvernement

La question de l’AME divise cependant les membres du gouvernement. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de transformer ce dispositif en une aide médicale d’urgence, réservée uniquement aux soins vitaux. Une position partagée par certains élus du Rassemblement National (RN), qui souhaitent limiter drastiquement cette aide.

De l’autre côté, la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, s’oppose à toute réforme substantielle de l’AME, arguant qu’elle est cruciale pour la santé publique. Elle a notamment rappelé que la réduction des droits des bénéficiaires pourrait accroître les risques sanitaires, non seulement pour les personnes concernées, mais aussi pour l’ensemble de la population.

Un débat sous tension

Le débat sur l’AME s’inscrit dans un contexte plus large de discussions sur la future loi sur l’immigration. Le Premier ministre, Michel Barnier, semble prendre une position intermédiaire, affirmant vouloir « mieux gérer l’AME » tout en évitant de tomber dans des mesures trop radicales. Il n’a toutefois pas encore clarifié sa position sur la réforme proposée par Bruno Retailleau.

Alors que le projet de budget 2025 sera bientôt examiné au Parlement, la question de l’AME reste un sujet sensible. Entre impératifs budgétaires et enjeux humanitaires, le gouvernement devra naviguer habilement pour trouver un équilibre qui satisfera à la fois ses alliés politiques et les défenseurs des droits des sans-papiers.