Défiance généralisée : la popularité de Barnier et Macron en berne

Entrevue 1

La classe politique française semble accuser le coup d’une défiance générale. Dans le dernier sondage Ipsos réalisé pour La Tribune Dimanche, Michel Barnier, récemment nommé Premier ministre, voit sa popularité chuter rapidement. Selon cette enquête menée les 9 et 10 octobre 2024, 46 % des Français ont une opinion défavorable de lui, soit 13 points de plus que ses avis favorables, qui s’établissent à 33 %. Malgré un soutien solide au sein des Républicains, son parti d’origine, le Premier ministre peine à convaincre au-delà, notamment au sein du centre. Ce contexte fragilise son début de mandat, d’autant que le Parlement entame cette semaine l’examen d’un budget 2025 placé sous le signe de la rigueur et des augmentations fiscales.

Selon Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, « c’est une douche glacée pour l’ensemble des personnalités politiques ». Le pessimisme gagne aussi bien Marine Le Pen que François Ruffin, en passant par Édouard Philippe ou Raphaël Glucksmann. Les chutes les plus marquées sont observées chez Gabriel Attal, qui passe de 31 % à 23 % de satisfaits, et chez Bernard Cazeneuve, dont le soutien s’effondre de 19 % à 11 %.

Macron en pleine dégringolade

Le président Emmanuel Macron subit lui aussi une dégringolade dans les sondages. Seuls 25 % des Français interrogés lui accordent encore leur soutien, un chiffre proche de son plus bas niveau, atteint lors de la crise des Gilets jaunes. Le plus préoccupant pour lui est que cette chute concerne également son propre camp : chez les sympathisants de Renaissance, du MoDem et d’Horizons, il perd 13 points. Brice Teinturier l’explique ainsi : « Pour ces électeurs, l’après-Macron a déjà commencé. » Dans l’opinion publique, la gestion du budget est perçue comme un désaveu de la politique économique du président, notamment sur la question de la dette. « Le bilan d’Emmanuel Macron est vu comme incomplet, avec un énorme problème non résolu : la dette, qu’il faudra éponger dans la douleur. »

Un pessimisme record chez les Français

Ce sondage révèle également une hausse spectaculaire du pessimisme parmi les Français. 62 % des sondés pensent que les hausses d’impôts annoncées toucheront bien plus que les plus fortunés et les grandes entreprises, contrairement aux promesses du gouvernement. Depuis le mois de mai, l’inquiétude quant à la situation économique du pays a bondi de 72 % à 86 %, et cette dégradation se reflète dans la perception qu’ont les citoyens de leur propre situation financière : 70 % se disent pessimistes aujourd’hui, contre 59 % en mai. « Ce pessimisme n’est pas seulement lié à la situation globale, mais aussi à la prise de conscience que chaque citoyen risque de payer personnellement les mauvaises décisions », analyse Brice Teinturier.

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