Les relations franco-algériennes se trouvent une nouvelle fois sous tension après une série d’événements marqués par l’expulsion inaboutie d’un influenceur algérien et l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Dans ce contexte tendu, l’ex-Premier ministre Gabriel Attal a publié, dans Le Figaro, une tribune appelant à dénoncer l’accord migratoire franco-algérien de 1968 et à assumer un « rapport de force » avec Alger.
L’accord de 1968 sur la sellette
La crise la plus récente a pour point de départ l’influenceur algérien surnommé « Doualemn » sur les réseaux sociaux. Interpellé à Montpellier pour des propos violents et haineux postés en ligne, il a été expulsé de France vers l’Algérie. Mais les autorités algériennes, en signe de défi, l’ont immédiatement renvoyé vers le sol français, provoquant la colère de nombreux responsables politiques à Paris.
En parallèle, l’arrestation en Algérie de l’écrivain Boualem Sansal, connu pour ses prises de position contre l’islamisme, a accentué la crispation. Gabriel Attal estime que l’écrivain est « pris en otage » et dénonce les « provocations et insultes » du pouvoir algérien à l’encontre de la France.
Au cœur de la polémique figure l’accord franco-algérien de 1968, qui confère un statut particulier aux ressortissants algériens pour la circulation, le séjour et l’emploi en France. Signé six ans après l’indépendance de l’Algérie, à une époque où la France recherchait de la main-d’œuvre, cet accord a été modifié à plusieurs reprises (en 1985, 1994 et 2001), mais conserve des clauses spécifiques dont ne bénéficient pas les ressortissants d’autres pays.
Aux yeux de Gabriel Attal, ce texte « est aujourd’hui devenu une filière d’immigration à part entière, permettant le regroupement familial et l’installation de personnes sans qu’elles aient à prouver leur intégration ou leur connaissance de la langue française ». L’accord, poursuit-il, « rend pratiquement impossible de retirer des titres de séjour aux ressortissants algériens, même pour des motifs d’ordre public ».
Vers la fermeté et la fin de la « rente mémorielle »
Face à ce qu’il considère comme une escalade d’actes hostiles émanant d’Alger, l’ancien Premier ministre appelle à la fermeté. Il accuse les autorités algériennes de rejeter « toutes les mains tendues » de la France, préférant multiplier « insultes » et « provocations ». Selon Gabriel Attal, l’heure est venue pour Paris de « poser des limites », car « la France est une grande puissance que l’on ne provoque pas sans conséquence ».
Il exhorte également à « se débarrasser de la rente mémorielle » qui, selon lui, continue d’entraver les relations entre la France et son ancienne colonie. Sa génération, n’ayant pas connu la guerre d’Algérie, incarnerait l’opportunité de tisser des liens « dépassionnés et fondés sur le respect mutuel ».
Pour mettre en œuvre ce nouveau cap, Gabriel Attal suggère de :
- Dénoncer l’accord de 1968 pour cesser d’en faire « une filière d’immigration à part entière ».
- Réduire le nombre de visas accordés aux Algériens, afin de faire pression sur le gouvernement d’Alger.
- Revoir l’accord de 2007 facilitant l’obtention de passeports diplomatiques pour les dignitaires algériens, qui peuvent voyager ou se faire soigner en France sans contraintes particulières.
- Envisager des rétorsions commerciales au niveau européen, si la situation ne s’apaise pas.
Une étape supplémentaire dans un climat compliqué
Ces appels à la fermeté s’inscrivent dans un contexte où l’Algérie ne cesse de provoquer la France et manque de coopération dans la délivrance de laissez-passer consulaires destinés à reconduire ses ressortissants frappés d’Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Pour l’heure, le gouvernement algérien n’a pas officiellement réagi aux déclarations de Gabriel Attal, mais la tension diplomatique entre les deux pays demeure palpable.
Entre la polémique sur l’expulsion avortée de l’influenceur algérien, l’arrestation de Boualem Sansal et les appels, du côté français, à supprimer un accord migratoire jugé obsolète, la situation rappelle combien les relations franco-algériennes restent sensibles et chargées d’Histoire. Gabriel Attal espère que la fermeté pourra permettre de dépasser les blocages et d’ouvrir « une nouvelle page » dans ce rapport complexe et souvent tourmenté.