Gabriel Attal et Gérald Darmanin : les nouveaux frondeurs

07 octobre, 2024 / Entrevue

Face aux propositions de hausses d’impôts du gouvernement dirigé par Michel Barnier, Gabriel Attal et Gérald Darmanin incarnent une nouvelle ligne de fracture au sein de la majorité, se posant en « fondeurs » d’une alternative politique visant à valoriser le travail et à réduire les dépenses publiques sans alourdir la pression fiscale.

Dimanche soir, Gabriel Attal a présenté sur TF1 une vision distincte de celle du gouvernement en place. « Il y a aujourd’hui un risque qu’on identifie, qui est de charger trop la barque sur les impôts », a déclaré l’ancien Premier ministre, insistant sur la nécessité de « proposer des réformes et la valorisation du travail » comme solutions aux défis économiques. Loin de critiquer directement Michel Barnier, Attal s’est plutôt montré désireux d’« aider » le Premier ministre à trouver une voie alternative pour « réduire les déficits ».

Parmi ses propositions phares, Gabriel Attal s’est dit favorable à la relance de la réforme de l’assurance-chômage, laissée en suspens lors de son départ de Matignon. « Elle est prête, il y a un décret, il suffit de le signer », a précisé le chef des députés Ensemble pour la République (EPR), qui espère ainsi insuffler une dynamique nouvelle à la politique économique actuelle.

De son côté, Gérald Darmanin n’a pas hésité à élever le ton face à l’idée d’un « choc fiscal » proposé par Michel Barnier. « Un choc fiscal ne fait pas une politique économique », a-t-il affirmé dans les colonnes des Echos. Selon lui, cette approche risquerait d’étouffer la croissance et d’aggraver le chômage, une menace qu’il entend éviter coûte que coûte. « Le sujet en France est qu’on ne travaille pas assez », a-t-il martelé, appelant à un effort collectif pour « travailler plus ».

En véritable « fondeur » d’une nouvelle politique économique, Gérald Darmanin a multiplié les propositions de réduction des dépenses publiques, notamment en s’attaquant à des symboles sensibles. Parmi celles-ci, il a mentionné la suppression d’un deuxième jour férié, l’augmentation du nombre d’heures travaillées à « 36 ou 37 heures » dans le secteur public, ainsi que l’augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers. « Un autre chemin est possible que celui des hausses d’impôts trop massives qui créeraient du chômage », a-t-il ajouté, s’opposant ainsi frontalement à la politique envisagée par le gouvernement actuel.

Le député du Nord a également annoncé qu’il ne voterait pas la partie dédiée aux recettes dans le projet de loi de finances pour 2025 si elle reste inchangée, préférant soutenir les efforts en matière de réduction des dépenses publiques. Ces propos traduisent une rupture nette avec la ligne adoptée par Michel Barnier, tout en affichant une fidélité partielle aux principes de rigueur budgétaire défendus par le gouvernement.

Attal, de son côté, se montre moins radical. Plutôt que de remettre en question les 35 heures, il appelle à faire respecter effectivement ce seuil, estimant que des efforts dans cette direction pourraient rapporter un milliard d’euros à l’État. « On sait qu’aujourd’hui (…) tout le monde ne fait pas les 35 heures », a souligné l’ancien Premier ministre, mettant en avant des gains potentiels qui permettraient de « limiter les efforts demandés à nos retraités ».

Ces prises de position révèlent une volonté commune de refonder la politique économique française autour de la « valorisation du travail » plutôt que par une augmentation de la pression fiscale. Attal et Darmanin se posent ainsi en alternatives crédibles, proposant un retour à une gestion rigoureuse mais stimulante de l’économie, où la création de valeur par le travail serait préférée aux solutions fiscales jugées trop pénalisantes.

Face à une présentation imminente du projet de budget par Michel Barnier, la fracture semble se dessiner de plus en plus nettement au sein de la majorité, avec Attal et Darmanin comme figures de proue d’un « réformisme par le travail ». Reste à voir si cette ligne sera entendue par le gouvernement et si elle saura rallier un soutien suffisant parmi les députés pour infléchir la politique économique actuelle.