Dans une élection marquée par l’absence de réel suspense, Gabriel Attal a été élu ce dimanche Secrétaire général de Renaissance, le parti présidentiel fondé par Emmanuel Macron. Avec plus de 94 % des voix, l’ancien Premier ministre devient le quatrième responsable à diriger cette formation politique, succédant à Christophe Castaner, Stanislas Guerini et Stéphane Séjourné.
Un parti fragilisé dans un contexte sous tension
L’élection d’Attal intervient dans un climat politique troublé. Suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin dernier, le parti Renaissance peine à retrouver son souffle. Les résultats électoraux mitigés et la chute du gouvernement dirigé par Michel Barnier ont laissé des traces profondes.
Cette élection interne s’est d’ailleurs déroulée dans une relative indifférence, alors que d’autres événements — comme la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris — dominaient l’actualité. Ce manque d’engouement témoigne de l’état actuel du parti : éloigné des projecteurs, en quête de sens et de direction.
Si l’état de Renaissance inquiète, Gabriel Attal a toutefois évité une confrontation fratricide avec Élisabeth Borne, qui était pressentie pour briguer la direction du parti. L’ancien Premier ministre a su négocier un compromis : Borne a renoncé à sa candidature en échange de la présidence du Conseil national, qu’elle espère transformer en « un véritable parlement du parti ».
Cette unité retrouvée est perçue comme un soulagement, alors que Renaissance tente de se relever après les crises successives. Attal, élu avec un soutien massif, s’apprête à prononcer un discours où il devrait esquisser ses priorités et fixer un calendrier pour 2025. « C’est le bon moment pour montrer le chemin doctrinal qu’il veut prendre », confie un cadre historique d’En Marche.
La concurrence dans le bloc central
Pour Gabriel Attal, la mission est claire : empêcher Renaissance de sombrer avant 2027, date à laquelle Emmanuel Macron, ne pouvant se représenter, quittera l’avant-scène. Le parti, qualifié par certains de « machine électorale » sans doctrine structurée, doit aujourd’hui redéfinir son identité pour rester pertinent.
« On ne peut pas être le seul parti qui ne se réunit pas, qui ne s’exprime pas. Et on a vraiment besoin de réfléchir à la carte d’identité de Renaissance, pour ne pas disparaître. C’est ça l’enjeu », insiste un cadre inquiet.
Alors que Renaissance cherche à se réinventer, la concurrence interne au « bloc central » se précise. Édouard Philippe, déjà candidat déclaré pour la présidentielle de 2027, organise des meetings régionaux — le premier aura lieu à Bordeaux le 26 janvier. De son côté, Gérald Darmanin structure sa propre base, avec son cercle de réflexion Populaires et une association de financement nouvellement agréée.
Dans ce paysage fragmenté, Gabriel Attal doit trouver sa place. Son objectif : donner à Renaissance une vision et une direction claires, tout en consolidant ses alliances. Une tâche ardue, mais essentielle pour un parti qui, malgré ses défis, conserve un rôle crucial dans l’échiquier politique français.