Fusion de l’audiovisuel public : La colère gronde à Radio France

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Plus de 1 100 salariés de Radio France, dont des figures emblématiques telles que Léa Salamé et Nagui, se mobilisent contre le projet de fusion entre Radio France et France Télévisions. Dans une tribune publiée par Le Monde ce mercredi, ils dénoncent une réforme gouvernementale qu’ils qualifient de « démagogique, inefficace et dangereuse ». Toutefois, certaines voix estiment que cette réforme pourrait offrir des opportunités inédites pour l’audiovisuel public.

Le gouvernement propose un « rapprochement en deux étapes » des sociétés de l’audiovisuel public. À partir du 1er janvier 2025, une holding commune, nommée « France Médias », regroupera France Télévisions, Radio France et l’INA. Cette structure transitoire sera suivie d’une fusion complète prévue pour janvier 2026. Ce projet ambitieux concerne quelque 16 000 salariés. L’Assemblée nationale examinera ce projet de loi ce jeudi et ce vendredi, avec un vote solennel programmé pour le 28 mai, avant un passage prévu au Sénat le 19 juin.

Les signataires de la tribune alertent sur les dangers pour la démocratie et l’indépendance des médias publics. Ils rappellent que les antennes de Radio France sont écoutées quotidiennement par plus de quinze millions de personnes, soulignant la force exceptionnelle des radios de service public en France. Selon eux, la fusion menace cette indépendance, notamment par la création d’un poste de PDG unique aux pleins pouvoirs, nommé par l’Arcom pour un mandat renouvelable de cinq ans.

Ils craignent que cette centralisation entraîne une uniformisation des contenus, avec « les mêmes visages et les mêmes voix » diffusant des contenus recyclés à la télévision, à la radio et sur le Web. Les employés de Radio France insistent sur le fait que leurs critères sont ceux du service public et non du profit, ce qui est essentiel pour promouvoir la culture et la diversité culturelle.

Le gouvernement soutient que cette fusion permettrait de réaliser des économies et de renforcer l’audiovisuel public face à la concurrence des plateformes internationales comme Netflix et Amazon Prime Video. Toutefois, les salariés de Radio France contestent cet argument, affirmant que la fusion des régions en 2016 n’a pas réduit les budgets mais les a augmentés. Ils prévoient que la fusion des entités de l’audiovisuel public entraînera des coûts élevés et une complexité accrue, sans bénéfices économiques significatifs.

La réforme, défendue par la ministre de la Culture Rachida Dati, est loin de faire l’unanimité. Dès son arrivée au gouvernement, Dati a pris ce dossier à bras-le-corps, soutenant qu’il est temps de réunir les forces dispersées de l’audiovisuel public pour éviter leur affaiblissement face aux géants du streaming. Cependant, ce projet suscite des tensions même au sein du camp présidentiel, notamment concernant l’intégration de France Médias Monde, qui inclut France 24 et RFI.

Les Républicains et certains députés de la majorité exigent que France Médias Monde soit inclus dans le projet, tandis que le Rassemblement National milite pour une privatisation des médias publics mais pourrait voter le texte si l’audiovisuel extérieur n’y figure pas. Le Modem soutient la création d’une holding mais s’oppose à une fusion complète. La gauche, quant à elle, critique vivement le projet, dénonçant une tentative d’affaiblir le service public sous couvert de réforme.

Les syndicats de Radio France, soutenus par ceux de France Télévisions, de l’INA et de France Médias Monde, appellent à la grève les 23 et 24 mai. Ils redoutent que la réforme compromette l’indépendance éditoriale et budgétaire de Radio France, et critiquent une fusion jugée longue, complexe et anxiogène pour les salariés, sans véritable objectif éditorial clair.

Les syndicats mettent en avant le succès actuel de Radio France, premier acteur radio du pays à la fois sur le hertzien et sur le numérique, avec des audiences record. Ils dénoncent une tentative de briser une « formidable réussite » et appellent à préserver un service public performant et plébiscité par le public.

Malgré les nombreuses oppositions, certains estiment que la réforme pourrait offrir des opportunités pour l’audiovisuel public. La ministre de la Culture Rachida Dati soutient que ce regroupement permettrait de créer un front uni face aux plateformes de streaming, renforçant ainsi la capacité de l’audiovisuel public à concurrencer des géants comme Netflix et Amazon Prime Video. La centralisation pourrait également permettre une meilleure allocation des ressources et une plus grande synergie entre les différentes entités, favorisant l’innovation et l’adaptabilité dans un paysage médiatique en constante évolution.

La réforme de l’audiovisuel public, portée par la ministre de la Culture Rachida Dati, suscite une vive opposition parmi les salariés de Radio France et au-delà. Ils dénoncent une fusion qu’ils estiment dangereuse pour l’indépendance des médias, inefficace économiquement et préjudiciable à la diversité culturelle. Cependant, les défenseurs de la réforme y voient une opportunité unique de renforcer et de moderniser l’audiovisuel public français, le rendant plus compétitif face aux défis du XXIe siècle. Les débats parlementaires à venir et la mobilisation des salariés seront déterminants pour l’avenir de ce projet controversé.

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