Alors que le rappeur marseillais SCH est remonté sur scène après une série d’annulations, l’enquête sur la fusillade mortelle du 26 août dernier à La Grande-Motte avance. Les investigations s’orientent vers une tentative d’extorsion orchestrée par le clan marseillais connu sous le nom de DZ Mafia.
Julien Schwarzer, plus connu sous son nom de scène SCH, est monté sur la scène du Dune Club, une célèbre discothèque située près de La Grande-Motte, le 26 août. Entouré de trois agents de sécurité, le rappeur a offert un spectacle de plus de 30 minutes devant une foule en liesse. Après le concert, aux alentours de 5 heures du matin, SCH et certains de ses proches ont quitté les lieux en voiture pour rejoindre un hôtel de luxe à proximité.
Une heure plus tard, un van transportant plusieurs membres de l’équipe du rappeur a quitté le parking de la discothèque. C’est alors qu’un Range Rover noir, immatriculé dans les Bouches-du-Rhône, a entravé la route du van. Deux hommes armés de fusils d’assaut de type Kalachnikov sont sortis du véhicule et ont ouvert le feu, tirant près de trente balles. Les tirs ont principalement visé le pare-brise du van, touchant mortellement l’homme assis à la place du passager. Le conducteur a également été blessé à l’épaule et a été transporté en urgence à l’hôpital de Montpellier. Les quatre autres passagers sont indemnes mais profondément choqués.
Reprise des concerts sous haute sécurité
Après cet incident tragique, SCH a annulé plusieurs de ses engagements avant de remonter sur scène lors de la Fête de l’Humanité près de Paris, puis au Golden Coast Festival près de Dijon. Dans les deux cas, des mesures de sécurité renforcées ont été mises en place, y compris une protection policière accrue et des restrictions pour les photographes lors des concerts. Le rappeur n’a fait aucune déclaration publique concernant la fusillade, se contentant de remercier ses fans sur les réseaux sociaux pour leur soutien et de souligner que « le temps est au soutien des familles et à l’enquête en cours ».
L’enquête, confiée à la Section de Recherches de la gendarmerie et à la police judiciaire de Montpellier sous l’autorité de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille, n’a pas encore abouti à des arrestations. Cependant, selon des sources proches du dossier, les enquêteurs privilégient la piste d’une tentative d’extorsion visant SCH. Le rappeur aurait confié aux gendarmes être victime depuis plusieurs mois de pressions pour le versement de 300 000 euros.
Les autorités pensent que la fusillade avait pour but d’intimider SCH plutôt que de l’éliminer, en lui montrant qu’il pouvait être facilement atteint. « Tuer la cible d’une extorsion n’a pas de sens. En revanche, s’en prendre à ses proches pour lui faire comprendre qu’il doit payer est une stratégie vieille comme le monde », a expliqué une source proche de l’enquête.
Le clan DZ Mafia dans le viseur
Les armes utilisées lors de la fusillade, ainsi que le véhicule des assaillants, ont été retrouvés abandonnés à Lunel dans l’Hérault. Le Range Rover utilisé était un véhicule volé à Marseille, ce qui oriente les enquêteurs vers un clan criminel de la cité phocéenne, connu sous le nom de DZ Mafia. Ce groupe, qui aurait récemment élargi ses activités criminelles, est soupçonné d’être à l’origine de cette tentative d’extorsion.
Fort de sa victoire dans une guerre de clans à Marseille qui a fait 49 morts en 2023 sur fond de trafic de stupéfiants, le DZ Mafia chercherait à diversifier ses activités en se tournant vers le racket. « Ce coup de force contre SCH porte leur signature », a indiqué une source proche du dossier.
Face à ces menaces, SCH aurait décidé il y a plusieurs mois de quitter Marseille pour s’installer en région parisienne. Le rappeur, qui a remporté en 2022 le prix de l’album le plus streamé d’un artiste masculin lors des Victoires de la musique, reste discret sur l’affaire. L’enquête se poursuit pour identifier et interpeller les auteurs de cette attaque mortelle.