Frères musulmans : et si la République tombait dans leur piège ?

Entrevue 1

Face à une République ébranlée par des fractures croissantes, les propos alarmants du patron du renseignement territorial, Bertrand Chamoulaud, résonnent comme un avertissement à ne pas ignorer. Dans un entretien au Monde, il dévoile l’ampleur du danger que représente l’entrisme des Frères musulmans, un mouvement islamiste qui agit en coulisses pour rendre la France – et plus largement l’Europe – compatible avec la charia.

Une ambition claire : un califat en Europe

Les Frères musulmans ne sont pas des salafistes vociférants ; ils n’usent ni de violence ni de provocations directes. Leur méthode est plus subtile, mais aussi plus pernicieuse : pénétrer tous les secteurs de la société par un discours faussement modéré, séduisant par sa rhétorique victimaire. Ce courant islamiste a pour objectif ultime l’instauration d’un califat en terre européenne, une ambition assumée que Chamoulaud qualifie de « menace la plus insidieuse » pour notre République.

Aujourd’hui, plus de 100 000 fidèles fréquenteraient des mosquées affiliées à cette confrérie. Mais l’influence des Frères musulmans ne se limite pas aux lieux de culte. Ils s’infiltrent partout : dans le sport, la santé, l’éducation, et même les administrations publiques. Leur présence s’étend, patiemment mais sûrement, à tous les pans de la société, sapant les valeurs républicaines à leur base.

L’un des outils les plus redoutables de leur stratégie est leur discours victimaire. À chaque fermeture de mosquée ou expulsion d’un imam séparatiste, ils dénoncent un prétendu « État islamophobe ». Ce narratif, répété inlassablement, parvient à séduire certains musulmans modérés, qui finissent par se rallier à leur cause sans même réaliser les implications profondes de cette adhésion. Ce discours s’exporte également à l’étranger : la Belgique est devenue un laboratoire pour tester ces idées, où des pratiques comme le voile obligatoire ou le rejet de la mixité s’imposent peu à peu.

Une infiltration généralisée et une République en sursis

Chamoulaud alerte également sur une autre dimension inquiétante de l’influence des Frères musulmans : leur capacité à se positionner comme interlocuteurs privilégiés des pouvoirs publics. Grâce à leur façade lisse et bienveillante, ils obtiennent subventions et partenariats, renforçant ainsi leur emprise sur certaines institutions locales et réseaux économiques. Ils usent également de leur pouvoir pour orienter les comportements des consommateurs, en favorisant les commerces communautaires et en dictant des consignes de vote.

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, anciennement en charge de l’Intérieur, avait déjà tiré la sonnette d’alarme au printemps dernier, dénonçant une infiltration insidieuse des Frères musulmans jusque dans les cercles publics, parfois facilitée par l’ignorance ou la complaisance de certains acteurs. La loi contre le séparatisme, portée par Emmanuel Macron, a certes permis d’encadrer les financements étrangers des associations cultuelles et de mieux contrôler les structures religieuses, mais la question demeure : ces outils sont-ils suffisants face à une stratégie aussi bien organisée et ramifiée ? La réponse se trouve peut-être dans une vigilance accrue et une volonté politique ferme pour protéger les valeurs républicaines face à ce qui s’apparente à une véritable offensive idéologique.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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