Fraudes électorales en Géorgie : l’UE demande une enquête, la présidente accuse Moscou

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Ce dimanche, l’Union européenne a demandé une enquête sur de possibles fraudes électorales suite aux élections législatives en Géorgie, remportées par le parti au pouvoir, prorusse. La présidente pro-européenne, Salomé Zourabichvili, a dénoncé une « falsification » du scrutin et évoqué une « opération russe » visant à déstabiliser le pays.

Charles Michel, président du Conseil européen, a exhorté les autorités électorales géorgiennes à mener une enquête « transparente et indépendante » sur les irrégularités signalées. Ce scrutin a été marqué par des allégations d’achats de votes et d’atteintes au secret du vote, selon les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et d’autres institutions internationales. Les résultats ont révélé que le parti du Rêve géorgien avait remporté 54,08 % des voix, contre 37,58 % pour la coalition pro-européenne.

Réactions de l’opposition et montée des tensions

L’opposition géorgienne a rapidement contesté les résultats et a appelé à des manifestations pour dénoncer ce qu’elle qualifie de « dérive autoritaire » du gouvernement. Salomé Zourabichvili, en rupture avec le pouvoir, a affirmé que le pays était victime d’une « opération russe spéciale », tout en appelant les Géorgiens à se mobiliser pour défendre la démocratie.

Mikheil Saakachvili, ancien président actuellement emprisonné, a également pris la parole pour inciter à des « manifestations massives » afin de « montrer au monde que nous luttons pour la liberté ». L’opposition craint que le Rêve géorgien ne rapproche davantage la Géorgie de Moscou, éloignant le pays de ses aspirations d’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN, un objectif inscrit dans la Constitution géorgienne.

Les résultats des élections pourraient engendrer une période d’instabilité en Géorgie, selon des analystes. Le gouvernement devrait disposer de 91 sièges sur 150 au Parlement, une majorité suffisante pour gouverner, mais insuffisante pour modifier la Constitution sans le soutien de l’opposition.

Des observateurs politiques s’inquiètent d’un manque de leaders charismatiques au sein de l’opposition, ce qui pourrait entraver l’organisation des manifestations. Certains citoyens, comme Mariam, 32 ans, expriment leur frustration face à la situation : « C’est comme ça, il y a un si grand voisin. Qu’on le veuille ou non, il faut avoir des relations » avec la Russie, tout en doutant de l’issue des manifestations à venir.

La situation en Géorgie reste complexe, avec des répercussions potentielles sur les relations du pays avec l’Union européenne et les États-Unis, qui avaient déjà imposé des sanctions à l’encontre de responsables géorgiens suite aux manifestations de mai dernier contre une loi sur l’influence étrangère.

La Géorgie, marquée par une brève guerre avec la Russie en 2008, se retrouve à un carrefour décisif. Alors que les appels à une enquête sur les fraudes électorales se multiplient, le pays doit naviguer entre ses aspirations pro-européennes et la réalité d’une influence russe croissante. La réponse de la communauté internationale et la réaction des citoyens géorgiens seront déterminantes pour l’avenir politique du pays.

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