François Villeroy de Galhau défend une réduction des taux : « La BCE doit anticiper pour soutenir l’économie »

Entrevue 1

Dans une interview accordée au Point, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, plaide pour une nouvelle réduction des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE). Alors que l’inflation en France et en zone euro montre des signes de décélération, il estime que la BCE devrait agir rapidement pour éviter le risque de récession.

Une inflation en baisse mais pas encore maîtrisée

Les récentes données indiquent que l’inflation en France est enfin tombée sous la barre des 2 % pour la première fois depuis 2021. En zone euro, l’inflation a également diminué, passant de 2,6 % en juillet à 2,2 % en août. Cette tendance est encourageante, mais selon Villeroy de Galhau, il est crucial de ne pas se reposer sur ces lauriers.

La BCE face à un dilemme

Le 12 septembre prochain, le Conseil des gouverneurs de la BCE se réunira pour décider de la prochaine étape de sa politique monétaire. Villeroy de Galhau souligne que, bien que l’inflation soit en baisse, la croissance économique reste fragile. Il appelle donc à une nouvelle réduction des taux directeurs pour soutenir l’économie européenne.

« Nous avons observé des progrès importants dans la lutte contre l’inflation, mais il serait prématuré de stopper notre action maintenant. La BCE doit anticiper et agir avant que les signes de récession ne se concrétisent », explique-t-il. Selon lui, une baisse des taux permettrait de maintenir la dynamique économique tout en continuant à progresser vers l’objectif d’une inflation stable autour de 2 %.

Comparaison avec la Réserve fédérale américaine

Villeroy de Galhau fait également le parallèle avec la Réserve fédérale américaine. À la suite de la réunion de Jackson Hole, Jerome Powell a indiqué que la Fed envisageait également une réduction des taux. Cette approche cohérente entre les deux rives de l’Atlantique souligne l’efficacité des politiques monétaires pour combattre l’inflation, tout en évitant une récession.

L’évolution du mandat de la BCE

En réponse à la suggestion d’Emmanuel Macron de rendre le mandat de la BCE plus explicite en incluant la croissance et l’emploi, Villeroy de Galhau précise que le mandat actuel de la BCE, bien que centré sur la stabilité des prix, prend également en compte la croissance économique. « Le mandat de la BCE est bien adapté pour répondre aux défis actuels, même s’il pourrait être utile d’en clarifier certains aspects », indique-t-il.

Perspectives et anticipation

Quant à l’avenir des taux d’intérêt, François Villeroy de Galhau suggère un ajustement graduel en fonction des données économiques. Les prévisions du marché indiquent que les taux pourraient descendre entre 2 % et 2,5 % l’année prochaine, une perspective qu’il juge raisonnable.

Enfin, concernant les turbulences récentes sur les marchés financiers, il estime que ces mouvements étaient principalement dus à des facteurs ponctuels, tels que les données économiques américaines décevantes et la hausse des taux au Japon. « Les valorisations boursières élevées et l’incertitude engendrent une volatilité accrue, mais les actions des banques centrales devraient aider à stabiliser les marchés », conclut-il.

En somme, François Villeroy de Galhau plaide pour une action proactive de la BCE afin de soutenir la croissance économique tout en continuant à maîtriser l’inflation.

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