C’est l’un des projets les plus audacieux du cinéma français à venir : L’Étranger, le chef-d’œuvre d’Albert Camus, va être revisité par François Ozon. Près de 60 ans après l’adaptation de Luchino Visconti, le réalisateur français s’attaque à cette œuvre majeure, explorant à nouveau l’absurde et la solitude existentielle de Meursault.
Un monument de la littérature revisité
Publié en 1942, L’Étranger est l’un des romans francophones les plus lus au monde, traduit en 68 langues et vendu à des millions d’exemplaires. Premier volet du cycle de l’absurde de Camus, il narre l’histoire de Meursault, un homme détaché des conventions sociales et incapable d’exprimer ses émotions, même lors de la mort de sa mère. Son indifférence face aux normes et à la morale le conduit à être jugé pour un meurtre qu’il commet sur une plage d’Alger.
Le livre avait déjà connu une première adaptation en 1967 sous la direction de Luchino Visconti, avec Marcello Mastroianni dans le rôle principal. Si le casting prestigieux incluait également Anna Karina et Bernard Blier, le film n’avait pas marqué les esprits et était tombé dans l’oubli, faute de véritable audace cinématographique.
François Ozon, un choix audacieux
Avec son goût pour les récits complexes et les personnages ambigus, François Ozon semble être un choix naturel pour transposer L’Étranger à l’écran. Depuis Sitcom en 1998, il n’a cessé de naviguer entre les genres, de la comédie grinçante (8 femmes) au drame intimiste (Frantz), en passant par des récits inspirés du réel (Grâce à Dieu).
Son dernier film, Quand vient l’automne, sorti en 2024, a été un beau succès critique et public, et lui a valu une nomination aux César. Avec cette nouvelle adaptation, Ozon prend un pari risqué mais passionnant : redonner vie au texte de Camus tout en le rendant accessible au public contemporain.
Un tournage sous le sceau du secret
À ce stade, peu d’informations ont filtré sur le casting. L’acteur qui incarnera Meursault n’a pas encore été révélé, et le reste de la distribution demeure inconnu. Une seule certitude : le tournage débutera en avril au Maroc, dans un décor qui pourrait rappeler l’Algérie de l’époque.
Reste à voir comment François Ozon parviendra à traduire à l’écran la puissance du roman, son écriture froide et minimaliste, et la philosophie de l’absurde qui le traverse. Réussira-t-il là où Visconti avait échoué ? Réponse en salles dans les prochains mois.