Invité sur le plateau de LCP le 7 octobre dernier, François Hollande n’a pas manqué de rappeler son implication dans la gestion de la crise de la dette grecque. « Moi qui ai sauvé la Grèce, je sais qu’il ne faut pas laisser les comptes publics dériver et l’endettement devenir insupportable », a-t-il lancé en écho aux préoccupations actuelles concernant le déficit public français. Cependant, ces déclarations suscitent de vives réactions et relancent le débat sur le rôle réel de l’ancien président français durant cette période critique pour la Grèce.
En effet, si l’accord signé en 2015 entre l’Union européenne et la Grèce a permis d’éviter un « Grexit », François Hollande semble exagérer son rôle de sauveur. La Grèce, encore marquée par les conséquences de la crise de 2009, peine à se remettre de la mise sous tutelle de ses finances publiques, imposée par la fameuse troïka (Commission européenne, BCE et FMI). Ces institutions avaient alors exigé des réformes d’austérité draconiennes : baisse des salaires, réduction des allocations chômage, recul de l’âge de la retraite, et fermeture de nombreux services publics, comme des écoles et des hôpitaux. François Hollande avait, lui-même, soutenu ces mesures, jetant une ombre sur le rôle de « facilitateur » qu’il revendique aujourd’hui.
Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances du gouvernement grec de l’époque, n’a d’ailleurs pas hésité à réagir aux propos de l’ex-président sur X (anciennement Twitter) : « J’ai entendu que François Hollande prétendait avoir « sauvé » la Grèce en 2015. C’est comme se faire attaquer par un mouton mort en décomposition. » Une attaque cinglante qui met en lumière les divergences sur le souvenir de ces événements. Varoufakis avait déjà critiqué le rôle de Hollande lors des négociations de Bruxelles, estimant qu’il était « présent, mais absent ».
Malgré les tentatives de l’ex-président français de réécrire son rôle dans cette période troublée, la réalité est bien plus nuancée. Si Hollande a certes œuvré pour maintenir la Grèce dans la zone euro, son soutien au plan d’austérité conduit par l’Allemagne et la troïka a laissé des traces profondes dans le pays. Aujourd’hui encore, la Grèce est confrontée à une situation économique difficile : un chômage en hausse de 200 %, un PIB en recul de 25 %, une augmentation de la mortalité infantile de 50 %, et une dette publique qui dépasse désormais les 170 % du PIB. Pour de nombreux Grecs, l’histoire n’a pas encore livré un jugement bienveillant sur la période Hollande.
Ce retour en arrière soulève une question centrale : François Hollande peut-il vraiment se prévaloir d’avoir « sauvé » la Grèce, alors que ce sont les politiques d’austérité qu’il a soutenues qui ont conduit à une telle dégradation de la situation du pays ?