La colère gronde dans les rangs agricoles. En réaction au vote de la motion de censure par François Hollande, qui a conduit à la chute du gouvernement de Michel Barnier, des agriculteurs de Corrèze ont décidé d’emmurer symboliquement la permanence parlementaire de l’ancien président socialiste, vendredi soir à Tulle. Cette action s’inscrit dans une vague de mobilisations similaires orchestrées dans plusieurs départements de Nouvelle-Aquitaine.
« S’il ne défend pas ses agriculteurs, il n’a pas besoin de permanence ici »
Accompagné d’une trentaine de militants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, Emmanuel Lissajoux, président de la FNSEA Corrèze, a expliqué ce geste fort :
« Nous murons symboliquement cette permanence. François Hollande est élu sur un territoire rural. S’il ne veut pas défendre ses agriculteurs et leur avenir, sa présence en Corrèze n’a plus de sens. »
Il a ajouté que le renversement du gouvernement compromet des mois de négociations autour de mesures phares comme la réforme des retraites agricoles, la défiscalisation du cheptel bovin et des dispositifs en faveur des saisonniers agricoles.
Cet événement s’inscrit dans une série de protestations similaires à travers la Nouvelle-Aquitaine. Depuis jeudi soir, des permanences de députés ayant voté la censure ont été visées dans les Charente, Deux-Sèvres, Charente-Maritime, Haute-Vienne, Vienne et Dordogne. Les syndicats agricoles majoritaires appellent leurs adhérents à « demander des comptes à tous les députés ayant renversé le gouvernement », notamment sur les mesures budgétaires annulées.
Les justifications de François Hollande
Alerté en amont de cette action, François Hollande a adressé une lettre aux syndicats agricoles locaux pour expliquer son vote. Il a tenté de rassurer les agriculteurs en affirmant que ce choix, bien qu’éminemment grave, ne signifie pas la fin des mesures budgétaires discutées :
« Ce vote emporte le rejet du projet de budget de la Sécurité sociale, mais n’a pas d’effet immédiat sur la loi de finances, encore en discussion. Les avancées pour les agriculteurs peuvent être confirmées dans un prochain budget. »
Dans une tentative d’apaiser les tensions, les députés ayant voté la censure, comme Damien Maudet et Manon Meunier du Nouveau Front populaire (NFP), se sont engagés à maintenir les aides promises au monde agricole. Ils ont également souligné les coupes budgétaires initialement prévues par le gouvernement Barnier, estimées à plus de 700 millions d’euros :
« La chute du gouvernement Barnier est une bonne nouvelle pour l’agriculture, car son projet prévoyait des réductions significatives des crédits alloués. »
Marine Le Pen, de son côté, a publié une lettre destinée aux agriculteurs, réitérant son soutien et affirmant que le budget 2024 continuera de s’appliquer tant qu’un nouveau texte n’aura pas été voté.
Les agriculteurs en quête de garanties
Alors que la France est temporairement sans gouvernement, les agriculteurs exigent des garanties concrètes sur la mise en œuvre des mesures promises. Ils rappellent que leur mobilisation ne faiblira pas tant que des réponses claires ne leur auront pas été apportées. Dans ce contexte, la symbolique de l’action menée à Tulle illustre une fracture profonde entre les élus et les territoires ruraux, à l’heure où le monde agricole réclame des décisions rapides pour sécuriser son avenir.