Alors que les Américains se rendent aux urnes ce mardi pour élire leur président, François Hollande exprime son inquiétude face aux conséquences d’une éventuelle victoire de Donald Trump, qu’il estime plus lourdes que lors de son premier mandat. Dans une interview sur BFMTV, l’ancien président français, aujourd’hui député socialiste, souligne que cette élection américaine pourrait marquer un tournant pour la France, l’Europe et le monde.
Un protectionnisme sans précédent pour les Européens
François Hollande prévoit que la réélection de Trump entraînerait une hausse immédiate des droits de douane américains, imposant un protectionnisme « comme jamais on l’a connu ». Contrairement à son premier mandat, cette politique commerciale ciblerait les alliés des États-Unis, y compris les Européens. Trump souhaite ainsi imposer des droits de douane de 10 à 20 % sur l’ensemble des produits importés, un niveau bien supérieur au taux actuel moyen de 3,3 %.
Cette nouvelle vague de protectionnisme viserait à réduire le déficit commercial américain avec l’Union européenne, qui s’élevait à 158 milliards de dollars en 2023. Selon Gérard Araud, ancien ambassadeur français aux États-Unis, Trump est déterminé à rééquilibrer les échanges transatlantiques, qu’il juge défavorables aux intérêts américains.
François Hollande estime que la politique économique de Trump pourrait freiner la croissance et augmenter le chômage en France. Il craint une hausse de l’inflation et une politique monétaire restrictive pour financer le déficit budgétaire américain, amplifiant ainsi l’impact de ce protectionnisme. Bien que l’Europe soit modérément exposée au marché américain, l’impact récessif de cette politique pourrait coûter jusqu’à 0,2 % de PIB au continent d’ici 2029. Le cabinet de conseil Roland Berger anticipe même des pertes économiques cumulées pour l’Europe de 533 milliards de dollars à cet horizon.
Conséquences géopolitiques : la question ukrainienne et le renforcement de Poutine
Sur le plan géopolitique, Hollande estime que Trump pourrait mettre fin au soutien militaire américain à l’Ukraine, offrant ainsi un avantage à Vladimir Poutine. « Si Trump gagne, la guerre en Ukraine s’arrêtera, mais au bénéfice de Poutine », a-t-il déclaré. Ce retrait américain renforcerait la mainmise de Moscou sur d’autres territoires de la région, notamment la Géorgie, la Moldavie, et pourrait accroître l’influence russe en Arménie et Azerbaïdjan.
La réélection de Trump pourrait aussi raviver les tensions commerciales et militaires entre les États-Unis et la Chine. Il prévoit en effet d’imposer des droits de douane de 60 % sur les biens chinois, affectant jusqu’à 3 000 milliards de dollars d’importations. Bien que le déficit commercial américain avec la Chine ait diminué depuis 2016, Trump veut rééquilibrer totalement les échanges et inciter les entreprises à relocaliser leur production aux États-Unis.
François Hollande alerte également sur les relations de Trump avec des dirigeants controversés, notamment le leader nord-coréen. Selon lui, ces interactions non conventionnelles pourraient affaiblir la solidarité atlantique. En cas de victoire de Trump, Hollande prédit un repositionnement des États-Unis qui pourrait modifier l’équilibre mondial, impactant non seulement la France, mais l’ensemble de l’Europe et les alliés traditionnels des Américains.
En conclusion, François Hollande dresse un tableau inquiétant des effets potentiels d’une réélection de Donald Trump, soulignant les risques pour l’économie, la stabilité géopolitique et les alliances internationales.