Difficile entrée en fonction pour François Bayrou. Nommé Premier ministre le 13 décembre dernier par Emmanuel Macron, le centriste débute son mandat avec une impopularité record, selon un sondage Ifop publié par le Journal du Dimanche. Avec seulement 34 % de satisfaits et 66 % de mécontents, il s’agit du plus mauvais démarrage pour un chef de gouvernement sous la Ve République, depuis le baromètre de Michel Debré en 1959.
Une nomination contestée, une gestion critiquée
Successeur de Michel Barnier, dont le gouvernement minoritaire avait été renversé après seulement trois mois, François Bayrou arrive à Matignon dans un contexte explosif. Son passé de maire de Pau, qu’il refuse d’abandonner malgré les responsabilités nationales, suscite déjà la polémique. Sa présence à un conseil municipal de la ville, en pleine crise humanitaire et sécuritaire à Mayotte, a indigné une partie de l’opinion et des élus.
Sur le plan parlementaire, l’équation semble tout aussi ardue. À peine nommé, Bayrou doit composer avec une Assemblée nationale profondément divisée, fruit d’un pays exsangue après sept années de présidence Macron. L’ancien ministre espère former un gouvernement et faire adopter un budget dans les prochains jours, mais rien ne garantit qu’il trouvera une majorité pour le soutenir.
François Bayrou s’ajoute à la longue liste des Premiers ministres choisis par Emmanuel Macron pour tenter d’apaiser un pays en crise. En 2024, quatre chefs de gouvernement se sont succédé : Gabriel Attal en janvier, Michel Barnier en septembre, et désormais Bayrou. Cette instabilité révèle les difficultés du président à s’inscrire dans une gouvernance claire et efficace, une critique récurrente émanant de ses opposants, notamment au sein de la droite et des souverainistes.
En comparaison, Michel Barnier partait avec 45 % de mécontents, Gabriel Attal avec 46 %, et même Élisabeth Borne n’atteignait que 43 % en mai 2022. Ce désaveu pour Bayrou reflète la lassitude des Français face à des gouvernants jugés technocratiques et déconnectés.
Macron légèrement en répit
L’étude Ifop montre toutefois un léger regain pour Emmanuel Macron. Sa cote de popularité remonte à 24 %, avec une baisse de deux points des mécontents (76 %). Une amélioration attribuée à deux événements récents : la réouverture de la cathédrale Notre-Dame et la rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à Paris. Ces faits permettent à Macron de bénéficier d’une image présidentielle plus « distinguée », selon Frédéric Dabi, directeur de l’Ifop.
Mais ce répit reste fragile. Si François Bayrou échoue à imposer un gouvernement solide ou s’attire davantage de critiques sur sa gestion, l’exécutif pourrait plonger dans une crise encore plus grave, alimentant un mécontentement populaire qui ne cesse de croître depuis 2017. En attendant, ce sondage met en lumière un point central : la défiance massive des Français envers un exécutif qui, de Macron à Bayrou, semble s’éloigner chaque jour un peu plus de leurs attentes.