Ce jeudi 19 décembre, le nouveau Premier ministre François Bayrou a accordé son premier entretien télévisé sur France 2, à l’émission « L’Événement, l’interview ». À peine une semaine après sa nomination à Matignon, il a abordé plusieurs dossiers brûlants, allant de la reconstruction de Mayotte à la formation d’un gouvernement et aux enjeux budgétaires de 2025. Voici les points clés.
Reconstruction à Mayotte : une urgence nationale
Mayotte, dévastée par le cyclone Chido, fait face à une des pires catastrophes naturelles de l’histoire récente du pays. Avec 31 victimes confirmées et de nombreuses personnes toujours portées disparues, notamment dans les bidonvilles, l’île est en situation critique. François Bayrou a promis une reconstruction rapide, espérant que cela pourrait être accompli en deux ans, soit beaucoup plus rapidement que les cinq années nécessaires à la réhabilitation de Notre-Dame de Paris.
Formation d’un gouvernement avant Noël
François Bayrou a annoncé son intention de présenter un gouvernement d’ici le week-end, au plus tard avant Noël. Il a appelé à une union nationale pour surmonter les crises actuelles, insistant sur la nécessité de collaboration entre les différentes forces politiques. Il a également promis de maintenir un dialogue avec les partis non invités à la réunion transpartisane, notamment La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN).
Retraites : une porte ouverte à la discussion
La réforme des retraites de 2023 reste un point de friction majeur. Bayrou a proposé de rouvrir les discussions pendant neuf mois tout en maintenant les changements déjà votés. Il a évoqué la possibilité d’une alternative à l’âge de départ à 64 ans, insistant sur la nécessité de réformer de manière équilibrée tout en évitant de surcharger les générations futures. « Il est normal que ceux qui effectuent des métiers pénibles puissent partir plus tôt », a-t-il affirmé.
Un budget attendu à la mi-février 2025
Le rejet du budget 2025 par l’Assemblée nationale en décembre laisse la France sans plan financier clair, une première depuis 65 ans. Bayrou espère adopter le nouveau budget d’ici mi-février. Il a annoncé un « plan de rééquilibrage » visant un retour à l’équilibre des finances publiques dans les dix prochaines années. Bien que déterminé à éviter une hausse excessive des impôts, il a souligné la nécessité de « faire des économies » et de « mieux organiser l’État central ».
Utilisation du 49.3 : une approche mesurée
Bayrou a promis de limiter le recours à l’article 49.3, ne l’envisageant qu’en cas de « blocage absolu » sur le budget. « Je souhaite le plus de dialogue possible », a-t-il affirmé, tout en reconnaissant que cet outil pourrait être nécessaire dans un contexte de majorité relative.
Un mot sur Nicolas Sarkozy et Gisèle Pelicot
Interrogé sur la condamnation de Nicolas Sarkozy, Bayrou a exprimé de la « peine » pour l’ancien président et sa famille. À propos de Gisèle Pelicot, victime de violences conjugales extrêmes, il a salué son courage exceptionnel, déclarant : « Elle a osé affronter l’horreur absolue pour les autres. »
François Bayrou a terminé sur une note d’optimisme prudent, appelant les partis à collaborer face à des défis qu’il a qualifiés de « dernière station avant la falaise ». Avec des urgences humanitaires, économiques et sociales, le Premier ministre espère convaincre une classe politique fracturée de s’unir dans l’intérêt général.