Lors d’un interview publiée dans le Journal du Dimanche ce samedi soir, François Bayrou, président du MoDem et allié clé de la fragile coalition gouvernementale dirigée par Michel Barnier, a exprimé son incompréhension face aux critiques formulées par certains ex-ministres macronistes. « Il serait singulier que l’ex-majorité critique le nouveau gouvernement sur l’effort à accomplir pour corriger un bilan qui est en réalité le sien », a-t-il déclaré.
Attal et Darmanin dans le viseur
La pique est clairement dirigée vers Gabriel Attal, actuel président du groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale, et Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur, qui ont manifesté leur opposition à toute augmentation d’impôts. Bayrou a rappelé que « le Parlement doit redevenir le lieu des discussions, des négociations et de l’élaboration de compromis ». Il a invité ceux qui s’opposent au projet de budget à proposer des amendements plutôt que d’adopter une posture de « guérilla » contre le gouvernement, en soulignant que ces voix critiques proviennent de personnalités ayant elles-mêmes contribué à la situation actuelle.
Un budget d’urgence pour une situation de crise
Le budget 2025, présenté en Conseil des ministres le 10 octobre, prévoit un effort de 60 milliards d’euros, répartis entre un tiers d’augmentations d’impôts et deux tiers d’économies. Cependant, cette répartition a soulevé des divergences d’interprétation, notamment du Haut Conseil des finances publiques, qui estime que la charge fiscale pourrait en réalité représenter 70 % de l’effort global.
Pour François Bayrou, ce budget reflète la gravité de la situation économique actuelle : « C’est un budget de crise, un budget d’urgence. Tout le monde aurait souhaité éviter cette situation, mais les accidents des dernières années – des Gilets jaunes à la guerre en Ukraine, en passant par la pandémie de Covid-19 – ont entraîné des dépenses faramineuses. »
Le président du MoDem a cependant émis une mise en garde : il refuse que les collectivités locales soient sacrifiées sans discernement. Le plan gouvernemental inclut un effort de 5 milliards d’euros demandé aux communes et départements, une décision que Bayrou juge « très dangereuse », rappelant que ces entités sont les principaux investisseurs en France, notamment dans les secteurs du bâtiment et des infrastructures.
Attaques sur l’immigration et les OQTF
Sur le sujet brûlant de l’immigration, Bayrou s’est montré sceptique face aux politiques de fermeté prônées par Bruno Retailleau. Il a souligné que la promesse d’une « immigration zéro » est irréaliste, citant l’exemple de l’Italie de Giorgia Meloni et du Royaume-Uni post-Brexit, qui peinent à maîtriser leurs flux migratoires. Il a également critiqué l’inefficacité des obligations de quitter le territoire français (OQTF), avec un taux d’exécution de seulement 7 %, qu’il qualifie d’ »hypocrisie » et de « fabrique à clandestins ».
En conclusion, François Bayrou s’est positionné comme un défenseur pragmatique d’une approche équilibrée, tout en appelant à des réformes structurelles sur le long terme et une gestion plus responsable des finances publiques.