François Bayrou, nouveau Premier ministre, se prête ce mardi 17 décembre à l’exercice des questions d’actualité au gouvernement à l’Assemblée nationale. Une séance qui sera marquée par une particularité notable : il sera le seul à répondre, les autres membres du gouvernement étant considérés comme démissionnaires.
Une décision exceptionnelle
Ce dispositif inhabituel, validé lundi lors de la conférence des présidents, permet à François Bayrou d’entrer directement dans le vif du sujet sans attendre la formation de son gouvernement. Habituellement, les Premiers ministres prononcent leur discours de politique générale avant de répondre aux questions des parlementaires.
Pour cette séance exceptionnelle, chaque président de groupe pourra poser une question au chef du gouvernement. Parmi les interlocuteurs attendus : Marine Le Pen (Rassemblement national), Mathilde Panot (La France insoumise), Laurent Wauquiez (Les Républicains) et Boris Vallaud (Parti socialiste).
Cette initiative permet à François Bayrou de commencer à esquisser sa vision et ses priorités politiques, avant une déclaration de politique générale attendue dans plusieurs semaines. Elle répond également à une exigence institutionnelle : garantir le contrôle parlementaire sur l’action du gouvernement, un principe consacré par la Constitution.
En effet, cette séance d’échanges intervient alors que les députés débattent d’une loi spéciale permettant de lever l’impôt à partir du 1er janvier, en l’absence de budget adopté pour 2025. Sans questions au gouvernement (QAG), l’action de l’exécutif pourrait être contestée devant le Conseil constitutionnel pour manquement aux obligations de contrôle parlementaire. La séance de mardi éloigne donc ce risque.
Des discussions sous tension
Cette prise de parole s’inscrit dans un contexte de négociations intenses entre Matignon et les groupes parlementaires. François Bayrou cherche à constituer un gouvernement et à parvenir à un accord budgétaire pour 2025. Lundi, plusieurs figures politiques ont été reçues, dont Gabriel Attal (Renaissance) et Laurent Wauquiez (LR), qui n’ont pas fait de déclarations à leur sortie.
Marine Le Pen a confié avoir été « écoutée » mais attend de voir si elle sera « entendue », tandis que Boris Vallaud s’est dit « resté sur sa faim », sans écarter totalement la possibilité d’un accord de non-censure.
Les discussions se poursuivront mardi avec d’autres groupes, notamment les communistes, les écologistes et les députés LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). L’enjeu est crucial pour François Bayrou, qui doit naviguer dans un paysage politique fragmenté afin d’éviter une impasse institutionnelle.