François Bayrou, installé à Matignon depuis un mois, a délivré ce mardi son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. S’il a réaffirmé l’urgence de réduire le surendettement chronique de la France, il n’a pour autant pas livré de détails concrets sur les « économies importantes » qu’il appelle de ses vœux. Une imprécision qui ne manquera pas de faire réagir les patriotes économiques et les contribuables inquiétés par la fuite en avant budgétaire de ces dernières années.
Une gestion budgétaire à la dérive
La France, autrefois phare de la prospérité européenne, se trouve aujourd’hui reléguée parmi les éléments à risque de la zone euro. Avec un ratio d’endettement qui tutoie les sommets (113,7 % du PIB à fin septembre 2024) et un déficit public prévu à 6,1 % pour l’année en cours, la situation est critique. Les agences de notation ne s’y sont pas trompées, Moody’s ayant dégradé la note souveraine de la France dans les heures suivant la nomination de Bayrou.
Malgré ce sombre tableau, le Premier ministre s’est contenté d’un appel général à « adopter sans tarder » des budgets bloqués depuis la censure de son prédécesseur. Il a reconnu que cette « précarité budgétaire » coûte cher à tous les Français, mais son discours est resté plus dans la posture que dans la proposition.
Le gouvernement ambitionne un effort budgétaire de 50 milliards d’euros en 2025. Mais si le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a indiqué que cet effort reposerait principalement sur des économies, Bayrou n’a pas détaillé les postes concernés. Seul chiffre avancé : les collectivités locales devront contribuer à hauteur de 2,2 milliards d’euros. Un geste modeste comparé à l’ampleur de l’enjeu.
Cependant, le Premier ministre a d’ores et déjà renoncé à certaines mesures structurantes, comme le déremboursement des médicaments, écarté sous la pression des partis populistes. Ce choix questionne sa volonté réelle de réformer dans la profondeur.
Fiscalité : des promesses sans cadre clair
Sur le terrain fiscal, Bayrou affirme vouloir « prémunir les entreprises contre des hausses démesurées d’impôts et de charges ». Une intention louable, mais sans clarification. Il n’a pas abordé la surtaxe sur les grandes entreprises, prévue pour rapporter 8 milliards d’euros par son prédécesseur, ni une taxe sur les hauts revenus, juridiquement inapplicable sous sa forme initiale. En revanche, il a mentionné une « taxe anti-optimisation pour les hauts patrimoines », évoquant un équilibre encore introuvable entre justice fiscale et compétitivité.
Face à l’urgence, Bayrou appelle à une simplification économique et administrative, accompagnée d’un fonds spécial pour la réforme de l’État. Mais ces annonces paraissent encore trop conceptuelles. Les discussions avec la gauche, notamment le PS, semblent se concentrer davantage sur des marchandages politiques que sur des solutions structurelles.
Dans un contexte de défiance générale, les organisations patronales comme le Medef saluent un « volontarisme économique » mais exigent des actes rapides et concrets. Quant aux Français, désabusés après des années de promesses non tenues, ils attendent de voir si ce gouvernement saura transformer les discours en réalité.
Avec une dette nationale à plus de 3 300 milliards d’euros, il est temps d’en finir avec l’économie de l’écran de fumée et de revenir à une gestion responsable et souveraine. La France, fière de son passé, ne peut se permettre de sacrifier son avenir sur l’autel de l’indécision politique.