Le Premier ministre François Bayrou affronte ce jeudi à 15 heures sa première motion de censure, déposée par La France insoumise (LFI) et soutenue par les écologistes et les communistes. Ce texte, présenté dans un contexte de tensions politiques et de crise budgétaire, constitue un test crucial pour ce gouvernement minoritaire, un mois après sa formation. L’enjeu est de taille : clarifier les rapports de force à l’Assemblée nationale, éclatée entre trois blocs – gauche, centristes et macronistes, extrême droite – aucun ne disposant de majorité absolue.
Les socialistes, clés du scrutin, hésitent encore. Si le PS n’a pas signé la motion, ses députés détermineront ce jeudi s’ils soutiendront ou non le texte. François Bayrou a tenté de les convaincre en annonçant des concessions sur les retraites – notamment une négociation pour réviser la réforme de 2023 – et en renonçant à 4 000 suppressions de postes dans l’Éducation nationale. Mais le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, estime que “le compte n’y est pas”.
L’issue de la motion dépendra aussi de l’attitude du Rassemblement national (RN), dont les 124 députés, alliés aux 16 de l’Union des droites, pourraient faire basculer le vote. Pour l’instant, le RN n’a pas exprimé d’intention de voter la censure, jugeant le discours de François Bayrou “décevant” mais préférant se réserver pour les débats budgétaires.
Pour être adoptée, la motion doit recueillir 289 voix. Avec l’ensemble des députés de gauche (192) et le soutien hypothétique du RN et de ses alliés, elle atteindrait 332 voix, suffisamment pour renverser le gouvernement. François Bayrou espère toutefois éviter le sort de son prédécesseur Michel Barnier, renversé il y a trois mois dans des conditions similaires.
Au-delà du résultat, ce vote servira à repositionner chaque groupe à l’Assemblée. Le PS, sous pression des Insoumis et de Jean-Luc Mélenchon, pourrait perdre sa place au sein du Nouveau Front populaire en cas de refus de soutenir la motion. De son côté, François Bayrou devra s’appuyer sur les prochaines échéances budgétaires pour prouver qu’il peut gouverner dans cette configuration éclatée.
La motion sera débattue à partir de 15 heures, sous l’œil attentif des marchés financiers et des Français, inquiets d’une instabilité politique prolongée. Verdict attendu dans la soirée.