Fraîchement nommé Premier ministre, François Bayrou a confirmé son intention de conserver son mandat de maire de Pau, qu’il occupe depuis 2014. Une décision qui relance le débat sur le cumul des fonctions au sommet de l’État et suscite de nombreuses réactions.
Un choix assumé malgré la polémique
En devenant Premier ministre, François Bayrou entend maintenir son engagement auprès des Palois. Selon une source gouvernementale, il participera ce soir à distance au Conseil interministériel de crise (CIC) sur Mayotte, dévastée par le cyclone Chido, avant de présider le conseil municipal de Pau à 19 heures. La séance débutera par une chronique d’actualité du nouveau chef du gouvernement, suivie de l’examen de plusieurs dossiers locaux, dont le budget 2025 et des projets d’investissement.
Bien que ce choix respecte la loi — l’article 23 de la Constitution n’interdit pas à un ministre de cumuler son poste avec un mandat local —, il rompt avec la pratique en vigueur depuis 2012. Depuis François Hollande, les Premiers ministres et ministres démissionnaient généralement de leurs fonctions locales pour se consacrer entièrement à leurs responsabilités nationales. François Bayrou prend donc le contre-pied de ses prédécesseurs à Matignon, Jean-Marc Ayrault, Édouard Philippe et Jean Castex.
Ce cumul a rapidement suscité des critiques dans l’opposition. Guillaume Bigot, député RN du Territoire de Belfort, a ironisé sur un « Premier ministre à mi-temps ». De son côté, la députée LFI Zahia Hamdane a dénoncé un « manque de gouvernance », pointant du doigt une « gestion à distance » incompatible avec la gravité des enjeux nationaux.
Pourtant, François Bayrou défend son double rôle en mettant en avant son attachement aux réalités locales. « Ce mandat permet de résoudre les questions très concrètes des Français », a affirmé son premier adjoint Jean-Louis Péres, ajoutant que la mairie de Pau s’est déjà organisée pour pallier les absences régulières du maire, qui occupait auparavant des fonctions nationales.
Un cas rare mais pas inédit
L’attitude de François Bayrou rappelle celle de Jacques Chirac, resté maire de Paris tout en étant Premier ministre de 1986 à 1988. D’autres exemples existent, comme Rachida Dati, qui avait conservé la mairie du 7e arrondissement de Paris tout en exerçant des fonctions ministérielles. Cependant, ces cas sont devenus rares dans un paysage politique où la pratique du non-cumul s’est généralisée.
Enfin, la question de la candidature de François Bayrou aux municipales de 2026 reste en suspens. S’il conserve ses fonctions actuelles, il devra jongler entre ses responsabilités locales et nationales, un équilibre qui continue de diviser la classe politique. En cumulant ses fonctions de Premier ministre et de maire, François Bayrou assume un choix audacieux, mais controversé. Ce double engagement, s’il est conforme à la loi, pose la question de la capacité à gérer simultanément les priorités nationales et les attentes locales.