Emmanuel Macron a choisi François Bayrou comme Premier ministre pour succéder à Michel Barnier, renversé par une motion de censure. Mais selon un sondage Elabe pour BFMTV, les Français ne semblent pas convaincus par cette nomination, notamment quant à sa capacité à ramener la stabilité politique dans le pays.
Au lendemain de la nomination de François Bayrou à Matignon, 67 % des Français interrogés dans le cadre du sondage Elabe pensent que cette décision ne suffira pas à rétablir la stabilité politique. Sur les 1 009 personnes consultées, 40 % jugent cette nomination comme une « mauvaise chose », tandis que 31 % y voient une « bonne chose » (29 % restent sans opinion).
Les avis divergent selon les affiliations politiques :
- Les électeurs d’Ensemble se montrent majoritairement favorables (63 %).
- Les électeurs du Rassemblement national (56 %) et du Nouveau Front populaire (51 %) sont plus critiques.
- Les Républicains, quant à eux, restent divisés : 38 % pour, 38 % contre.
Un Premier ministre jugé peu à même de transformer le paysage politique
Dans un contexte marqué par des tensions parlementaires, seuls 47 % des Français pensent que François Bayrou parviendra à bâtir un consensus avec les autres forces politiques, un chiffre en recul de cinq points par rapport aux espoirs suscités par Michel Barnier à sa nomination.
Par ailleurs, une large majorité (73 %) estime que la méthode de gouvernance du nouveau Premier ministre ne différera pas significativement de celle de ses prédécesseurs. Ce constat est partagé par tous les électorats, à l’exception des sympathisants d’Ensemble, qui se montrent divisés (53 % pensent que François Bayrou introduira un changement, contre 47 % qui jugent le contraire).
Malgré ces doutes, François Bayrou bénéficie encore d’une image globalement positive. Une courte majorité de Français le considère comme :
- capable de faire des compromis (54 %),
- sympathique (52 %),
- à l’écoute (48 %),
- compétent (47 %),
- courageux (47 %).
Cependant, seuls 33 % des sondés pensent qu’il sera capable de mener des réformes structurelles, un chiffre qui illustre les attentes limitées quant à sa capacité à transformer le pays.
Pour éviter une nouvelle motion de censure, 63 % des Français estiment que François Bayrou devrait accepter la proposition du Parti socialiste, qui suggère une « non-censure » en échange d’un renoncement à l’utilisation de l’article 49-3.
Concernant la composition du futur gouvernement, les Français plébiscitent :
- des personnalités issues de la société civile (74 %),
- des membres des Républicains et du Parti socialiste (54 % chacun).
Des noms issus des écologistes (48 %) ou du camp présidentiel (44 %) recueillent un soutien plus mitigé, tandis que seules 36 % des personnes interrogées souhaitent la participation de figures issues du Parti communiste.
Enfin, les Français identifient François Bayrou comme un homme du centre (46 %), bien que certains le situent ailleurs sur l’échiquier politique : 12 % à droite, 4 % à gauche, et 16 % le décrivent comme « ni de gauche, ni de droite ».
Les priorités des Français : pouvoir d’achat et dette publique
Interrogés sur les priorités d’action du gouvernement, les Français placent le pouvoir d’achat en tête des préoccupations (55 %). La question de la dette publique, en forte progression (+7 points en trois mois), arrive en deuxième position (34 %), devant la santé (30 %), la sécurité (26 %) et l’immigration (24 %).
En dépit de ces attentes clairement exprimées, le scepticisme prédomine quant à la capacité du nouveau Premier ministre à relever ces défis et à restaurer un climat politique apaisé.