France Travail dans le viseur des nationalistes corses : une politique d’emploi contestée

20 octobre, 2024 / Entrevue

Ce samedi 19 octobre 2024, une trentaine de militants du parti indépendantiste corse Nazione ont organisé une action symbolique à Bastia en « emmurant » l’entrée des locaux de France Travail (anciennement Pôle emploi). Cette initiative visait à dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une « décorsisation » des emplois sur l’île, c’est-à-dire une marginalisation des Corses dans l’accès aux postes de travail, au profit de « continentaux » attirés par les opportunités économiques insulaires.

Lors de la conférence de presse qui a suivi, Jean-Philippe Antolini, porte-parole de Nazione, a fustigé la politique de l’emploi menée par France Travail, qu’il accuse d’encourager une « colonisation de peuplement » en facilitant l’installation d’actifs venus du continent. Selon le mouvement, cette tendance est particulièrement marquée dans les grandes enseignes et concerne surtout les postes d’encadrement et de direction. Ils estiment que cet afflux massif d’actifs extérieurs menace la structure économique locale.

Antolini a mis en avant une hausse de 42 % de la population en Corse au cours des 30 dernières années, principalement attribuée aux migrations. Il a souligné que « aucun État au monde ne pourrait accepter une telle croissance uniquement due aux flux migratoires ». Face à cette situation, Nazione réclame une « priorité d’embauche pour les Corses » et prévient que, sans changements, le mouvement prendra des mesures pour mobiliser la population contre ce qu’ils appellent des « pratiques coloniales ».

Cette action intervient après une occupation similaire la semaine précédente, lorsque des militants de Nazione avaient investi le hall du magasin Leroy-Merlin à Ajaccio, toujours pour dénoncer la présence jugée excessive de travailleurs extérieurs à l’île. Le parti, fondé en 2004 et ancré dans le nationalisme corse, continue ainsi sa lutte pour la défense des intérêts économiques et sociaux des Corses. Le mouvement a également rappelé sa volonté d’inscrire la Corse sur la liste de l’ONU des territoires à décoloniser, projet présenté lors des 42es Journées internationales de Corte en août dernier.