Fonction publique : un soutien financier majeur supprimé en pleine inflation

Entrevue 1

La Garantie individuelle du pouvoir d’achat (Gipa), mise en place en 2008 pour compenser les écarts entre l’évolution des traitements indiciaires et l’inflation, ne sera pas reconduite en 2024. Cette décision, confirmée par le ministère de la Fonction publique dans un rapport publié le 15 novembre 2024, affectera directement 188 000 agents publics qui avaient bénéficié de cette prime en 2023.

Une prime en forte hausse en 2023

En 2023, le nombre de bénéficiaires de la Gipa avait atteint un niveau record, avec 188 000 agents civils des ministères et des établissements d’enseignement supérieur touchant en moyenne 663 euros. Ce chiffre marquait une forte augmentation par rapport à 2022, où seulement 61 000 agents des trois versants de la fonction publique (État, hospitalier et territorial) avaient perçu une indemnité moyenne de 400 euros.

Ce bond s’explique en partie par une inflation élevée et une stagnation des traitements indiciaires pour certains agents publics. Toutefois, ces données ne couvrent qu’un sous-ensemble des agents de la fonction publique d’État, soit 1,7 million sur les 2,5 millions d’agents publics relevant de ce secteur, selon le service statistique ministériel.

Une suppression justifiée par des contraintes budgétaires

Le non-versement de la Gipa en 2024 s’inscrit dans un plan d’économies global de 1,2 milliard d’euros sur le secteur public. Le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, a justifié cette décision par un contexte budgétaire tendu. « Des sacrifices sont nécessaires pour préserver l’équilibre des finances publiques », a-t-il déclaré.

Cependant, cette mesure risque d’avoir un impact significatif sur le pouvoir d’achat des agents concernés, particulièrement en période d’inflation persistante. Pour beaucoup, la Gipa représentait un soutien essentiel face à l’érosion de leur pouvoir d’achat.

Le rapport de la DGAFP souligne également les disparités historiques dans l’accès à la Gipa. Le nombre de bénéficiaires varie selon les années et les catégories d’agents. En 2022, seuls 61 000 agents avaient touché cette prime, contre 188 000 en 2023, rien que pour les ministères et l’enseignement supérieur.

Cette disparité s’explique par des critères d’éligibilité spécifiques, notamment le rythme d’évolution des traitements indiciaires comparé à l’inflation sur une période de quatre ans. Le manque de données exhaustives sur les autres versants de la fonction publique (hospitalier et territorial) empêche cependant une analyse complète de l’impact de cette suppression.

La suspension de la Gipa en 2024 est une mesure controversée, perçue par certains comme une remise en cause du soutien aux agents les plus touchés par la stagnation salariale. Alors que l’inflation reste un enjeu majeur, cette décision relance le débat sur les politiques salariales dans la fonction publique.

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