Fonction publique : Kasbarian lance un plan d’action pour réduire l’absentéisme

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Le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, a affirmé ce mardi devant l’Assemblée nationale sa volonté d’aborder sans détour la question de l’absentéisme au sein de la fonction publique. En réponse aux interpellations de plusieurs députés, Kasbarian a précisé que l’absentéisme atteignait des niveaux records avec 77 millions de jours d’absence, soit l’équivalent de plus de 300 000 postes à temps plein. « Mon rôle n’est pas de mettre le sujet sous le tapis », a-t-il martelé.

Un coût de 15 milliards d’euros et des mesures pour le réduire

L’absentéisme au sein de la fonction publique représente aujourd’hui un coût annuel estimé à 15 milliards d’euros, un poids budgétaire que le gouvernement souhaite alléger par des mesures de rationalisation. Parmi les actions annoncées, une hausse de la franchise des jours de carence pour les arrêts maladie, passant d’un à trois jours non indemnisés, ainsi qu’une réduction de la couverture des congés maladie à 90 % du salaire durant les trois premiers mois, au lieu de 100 % actuellement.

Cette mesure s’inscrit dans le cadre des 5 milliards d’euros d’économies additionnelles dévoilées par l’exécutif, dont 1,2 milliard espéré spécifiquement de la fonction publique.

Réaction des syndicats et appel à un dialogue social

Face à ces annonces, les syndicats représentatifs de la fonction publique ont rapidement demandé une rencontre avec le ministre, prévue le 12 novembre prochain, pour exprimer leurs inquiétudes. Mylène Jacquot, secrétaire générale de l’UFFA-CFDT, a plaidé pour un « véritable dialogue social » et appelé à une prise en compte du mal-être des agents publics, dénonçant une approche répressive plutôt que préventive. Les organisations syndicales exigent également une clarification sur la réforme de la fonction publique initiée par Stanislas Guerini, notamment sur la rémunération au mérite et les licenciements dans certains cas, réclamant même l’abandon complet de certaines dispositions.

Les députés de l’opposition, notamment de gauche, n’ont pas ménagé leurs critiques à l’égard de Kasbarian. Les qualificatifs de « pyromane du gouvernement », « démolisseur public » ou encore « ministre de la liquidation de la fonction publique » ont fusé, illustrant l’ampleur de l’opposition aux nouvelles mesures. Alexis Corbière, du groupe écologiste, a d’ailleurs souligné que « l’absentéisme » n’existait ni dans le code du Travail ni dans les conventions collectives, mettant en doute l’alignement des mesures sur le secteur privé, où deux tiers des conventions prévoient le paiement des jours de maladie.

En réponse, Kasbarian a souligné la complexité de la situation en fonction des conventions collectives, notant que certains secteurs comme la coiffure et la restauration rapide n’offrent pas de compensation pour les jours de carence.

Des pistes d’amélioration du bien-être au travail

Le député Karl Olive (EPR) a, pour sa part, proposé une piste de solution inspirée de son expérience de maire à Poissy : l’intégration d’activités physiques au travail, qui, selon lui, a permis de réduire l’absentéisme de 20 à 15 jours par an et par agent.

Conscient de la nécessité de soutenir les agents publics, Kasbarian a annoncé plusieurs mesures d’accompagnement pour améliorer les conditions de travail, notamment en matière d’ergonomie des postes et de simplification administrative. Le ministre a également assuré que les congés liés à des pathologies graves, des maladies de longue durée, des affections invalidantes ou des congés maternité ne seraient pas affectés par cette réforme.

En dépit des critiques et de la demande de clarification exprimée par les syndicats, Kasbarian reste déterminé à traiter l’absentéisme comme un enjeu prioritaire pour la fonction publique, tout en rappelant que « le courage en politique, ce n’est pas de mettre le sujet sous le tapis, mais de le traiter quand il apparaît ».

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