Florian Grill, 59 ans, a été réélu ce samedi à la tête de la Fédération française de rugby (FFR) avec une large majorité, obtenant 67,22 % des suffrages. Face à lui, son opposant, l’ancien international Didier Codorniou, 66 ans, n’a recueilli que 32,78 % des voix après un vote électronique auquel ont participé 1721 clubs amateurs. Ce scrutin, organisé lors de la 165e Assemblée Générale Ordinaire Élective à Marcoussis, a bénéficié d’une forte mobilisation, avec un taux de participation dépassant les 81 %.
Une campagne tendue et des scandales en toile de fond
Cette réélection intervient à l’issue d’une campagne particulièrement houleuse, marquée par des manœuvres politiques, des déclarations tapageuses, et des scandales qui ont ébranlé le monde du rugby français. Parmi les plus notables figurent l’affaire des propos racistes de Melvyn Jaminet et la mise en examen pour viol d’Oscar Jégou et Hugo Auradou lors d’une tournée du XV de France en Argentine en juillet dernier. À cela s’est ajoutée la tragique disparition en mer de Medhi Narjissi, capitaine de l’équipe de France des moins de 18 ans, en août en Afrique du Sud.
Malgré ces affaires, Florian Grill a su rallier une majorité de clubs à sa cause. Son adversaire, Didier Codorniou, soutenu en coulisses par d’anciens poids lourds du rugby comme Bernard Laporte et Serge Blanco, n’a pas réussi à convaincre. Codorniou avait pourtant souligné la nécessité de redresser un rugby amateur en grande difficulté, affirmant que « le rugby amateur se mourait ». Toutefois, il a choisi de ne pas contester les résultats du scrutin, malgré certaines irrégularités évoquées par son camp, préférant appeler à l’unité pour l’avenir du rugby français.
Un mandat sous le signe des réformes
Fort de cette victoire nette, Florian Grill entame un second mandat avec des chantiers de grande ampleur devant lui. Le président sortant a promis de mettre en place un « plan Marshall » de 20 millions d’euros en faveur de 200 clubs amateurs et d’œuvrer pour restaurer les valeurs du rugby. Il s’est également fixé pour objectif d’améliorer la situation financière de la FFR, marquée par des déficits importants, notamment en raison des coûts imprévus liés à l’organisation de la Coupe du monde 2023 en France, qui a engendré des pertes de 19 millions d’euros. Grill a qualifié ce défi de « pharaonique », affirmant qu’un redressement s’imposait après sept années de déficit sous la précédente direction.
Parmi ses autres priorités, Grill souhaite enrayer la baisse du nombre de jeunes licenciés et relancer les écoles de rugby, qui peinent à attirer de nouvelles générations. Malgré une hausse globale du nombre de licenciés après la Coupe du monde (+11 %), la Fédération est confrontée à une fonte inquiétante des effectifs dans les catégories de jeunes.
La prochaine étape pour Florian Grill sera le renouvellement des ligues régionales, prévu du 31 octobre au 2 novembre, avec pour ambition de remporter la majorité des 13 ligues, contre seulement 3 lors de sa précédente élection. Ce renouvellement pourrait permettre de consolider sa position et d’aligner la gouvernance de la FFR avec ses projets ambitieux pour le rugby français.
En dépit des défis à venir, la réélection de Grill marque une nouvelle phase pour la Fédération, qui devra relever les défis sportifs et financiers tout en réaffirmant les valeurs fondamentales du rugby.