Dans un entretien accordé au Figaro le 16 décembre 2024, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, tire la sonnette d’alarme sur l’état des finances publiques françaises et la faiblesse de la croissance économique. Il appelle à redresser la situation budgétaire, quitte à envisager des hausses d’impôts mesurées, en insistant sur la nécessité de maîtriser durablement les dépenses.
Dans un contexte de relance gouvernementale menée par le nouveau Premier ministre, François Bayrou, la Banque de France a annoncé une révision à la baisse de ses prévisions de croissance pour 2025. Alors qu’elle tablait encore en septembre sur une hausse de 1,2 %, elle anticipe désormais une progression limitée à 0,9 %. Cette stagnation économique, associée à une inflation désormais maîtrisée, accentue la pression sur les finances publiques et sur la crédibilité financière de la France.
La France voit sa dette peser de plus en plus lourd. Les intérêts versés pour la financer dépassent désormais le budget de l’Éducation nationale, ce qui illustre symboliquement l’ampleur du problème. L’écart de taux d’emprunt (le « spread ») entre la France et l’Allemagne continue de se creuser, passant de 0,5 % en juin 2023 à 0,8 % en 2024. Cette évolution représente, pour François Villeroy de Galhau, « un surcoût financier pour toute notre économie et un affaiblissement du statut politique de la France en Europe ».
Des hausses d’impôts ciblées, sans toucher les PME ni les classes moyennes
Face à cette dégradation, le gouverneur de la Banque de France considère que des augmentations d’impôts ciblées seront « sans doute nécessaires ». Il précise toutefois que ces hausses ne devraient pas porter atteinte aux petites et moyennes entreprises ni à l’ensemble des classes moyennes, déjà fragilisées. Le redressement passera également par une meilleure utilisation de l’argent public. Selon lui, la France consacre 57 % de son PIB à ses dépenses publiques, contre 47,7 % en moyenne dans la zone euro. Ramener ne serait-ce qu’une partie de cet écart, estimé à 260 milliards d’euros, à un niveau plus raisonnable permettrait de résoudre une grande partie des problèmes budgétaires.
En dépit de ce tableau inquiétant, François Villeroy de Galhau souligne une victoire quasi acquise contre l’inflation, désormais à 1,7 % en France. Après avoir dépassé 10 % en zone euro il y a deux ans, elle est redescendue à 2,3 % au niveau européen, et devrait se stabiliser autour de 2 % au premier semestre 2025. Cette maîtrise pourrait ouvrir la voie à une baisse des taux d’intérêt de la BCE, offrant ainsi un répit pour l’économie et un levier pour soutenir l’activité. Cependant, le gouverneur rappelle que cette amélioration monétaire ne saurait compenser à elle seule les faiblesses structurelles de la croissance européenne.
En somme, la Banque de France appelle à un effort collectif de redressement des comptes publics, combinant rigueur budgétaire, efficacité des dépenses et répartition équitable de l’effort fiscal. C’est, selon son gouverneur, la condition nécessaire pour restaurer la crédibilité économique et politique de la France sur la scène européenne.