Finance et Brexit : le Royaume-Uni veut définir ses propres règles

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Le Royaume-Uni affiche sa volonté de se démarquer des règlements financiers européens en initiant une refonte de ses normes. Le régulateur britannique des marchés financiers, la Financial Conduct Authority (FCA), a annoncé jeudi 19 décembre une consultation visant à simplifier la réglementation sur les produits financiers. Cette initiative marque un pas de plus dans la stratégie britannique d’indépendance économique depuis le Brexit.

Selon la FCA, les règles actuelles, issues de l’adhésion à l’Union européenne, imposent aux consommateurs des documents standardisés pour les produits d’investissement, jugés « complexes, peu clairs » et parfois insuffisants. L’objectif affiché est de créer un système adapté aux besoins nationaux, tout en renforçant la compréhension des produits par les consommateurs et en stimulant l’innovation des entreprises. À cet égard, les parties prenantes ont jusqu’au 20 mars pour partager leurs observations.

Cette démarche s’inscrit dans une volonté plus large exprimée par la ministre des Finances, Rachel Reeves, qui avait déjà présenté, en novembre dernier, des réformes pour encourager la prise de risque dans les services financiers. Reeves estime que la réglementation adoptée après la crise financière de 2008 a été excessive et souhaite rééquilibrer les normes pour concilier croissance économique et compétitivité, tout en maintenant des standards élevés. Elle a par ailleurs appelé les différents régulateurs financiers britanniques, y compris la FCA, à travailler dans ce sens.

Le secteur financier, qui représente près de 9% du PIB britannique et emploie 1,2 million de personnes, constitue un pilier essentiel de l’économie du pays. Il est également une destination majeure pour les investissements directs étrangers. Cependant, depuis le Brexit, entré en vigueur en 2021 avec un accord de libre-échange excluant les services financiers, les entreprises du secteur ont perdu le « passeport » leur permettant d’opérer sur le marché européen. Cela a affaibli la place de Londres, face à des centres comme Paris ou Amsterdam, qui ont gagné du terrain.

La FCA espère que cette réforme contribuera à consolider la position de Londres en tant que capitale financière mondiale, malgré les contraintes liées à la sortie de l’UE. Si ces efforts permettent d’attirer davantage d’investissements et de renforcer la compétitivité, ils soulèvent aussi des interrogations sur les équilibres à trouver entre flexibilité et stabilité réglementaire.

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