À seulement 21 ans, pour combler le vide apparent en matière d’écologie au sein de la droite française, Ferréol Delmas décide de fonder le think tank Écologie Responsable. Cinq ans plus tard, ce think tank, imprégné de valeurs libérales et porteur d’une vision novatrice et audacieuse de l’écologie, continue de se développer. Dans cette interview exclusive accordée à Entrevue, Ferréol Delmas partage ses ambitions pour son think tank, révèle les tensions existantes avec d’autres mouvements écologistes et répond sans détour aux questions sur sa vision et ses projets pour l’avenir.
Entrevue : Pourquoi avoir créé Écologie Responsable ?
Ferréol Delmas: Très jeune, avec des amis, nous nous sommes motivés à créer le think tank Écologie Responsable pour combler un vide apparent dans le paysage politique de droite en matière d’écologie. Je me suis rapidement rendu compte que l’écologie n’était pas un sujet pris au sérieux à droite, alors je m’y suis intéressé. Durant mes études, la lecture de « L’Enracinement » de Simone Weil a été une révélation. Elle écrit une phrase dans cet ouvrage qui représente mon idée intellectuelle de l’écologie : “Le principal besoin de l’Homme, c’est l’âme.” Pour moi, il s’agit de l’âme du territoire, à qui on veut du bien, mais aussi de l’importance donnée à ses paysages. Mais je vais au-delà d’une vision poétique. Je crois également au libéralisme et à l’innovation. Je veux une écologie qui n’enraye pas les affaires économiques. Logiquement, en 2019, j’avais 21 ans, je voulais m’engager sur ce sujet crucial, j’ai donc fondé un think tank écologique de droite : Écologie Responsable.
Quelles sont les valeurs d’Écologie Responsable ?
Les valeurs qui sous-tendent le think tank Écologie Responsable sont celles de la puissance, concept cher à Richelieu et qui fait d’un thème, l’axe majeur de développement d’une nation. Nous souhaitons reprendre cette vision pour l’appliquer à l’écologie : l’écologie peut être le cheval de bataille d’une France forte, pionnière dans la transition. Je défends une écologie positive et enracinée, rejetant le paradigme de la décroissance au profit d’une approche axée sur l’innovation et la préservation des écosystèmes locaux. Je prône une vision de l’écologie qui s’intègre harmonieusement avec les valeurs de droite, mettant en avant la compatibilité entre l’écologisme et le libéralisme. L’engagement en faveur de l’économie et de l’écologie comme étant intrinsèquement liées est également une valeur centrale pour moi. Enfin, j’aspire à être un catalyseur du changement en impliquant les dirigeants économiques dans la transition vers un modèle de société plus respectueux de l’environnement.
Vous êtes davantage de droite ou écologiste ?
Nous nous considérons autant écologistes que de droite, c’est une partie intégrante de notre identité. Nous sommes 100% de droite et 100% écologistes.
La gauche ne s’approprie-t-elle pas le sujet de l’écologie, de l’environnement, de la protection de la planète… ?
La gauche n’a ni le monopole de la jeunesse, ni celui de l’écologie. L’écologie est aujourd’hui utilisée pour faire passer des idées d’extrême gauche marxistes qui sont totalement éloignées de la réalité.
C’est quoi l’écologie responsable que vous prétendez porter ?
L’écologie, pour nous, concerne l’Homme à travers son environnement, et comment il aménage cet environnement pour vivre de la meilleure manière possible. Nous assumons de porter une écologie libérale, c’est-à-dire qui permet de concilier le modèle de vie économique et la protection de la planète.
Comment se développe votre Think Tank Écologie Responsable, êtes-vous présent sur l’ensemble du territoire national ?
Nous sommes très présents à Paris, structurés dans la capitale et dans les grandes villes, avec des adhérents éparpillés partout en France (500 adhérents). L’un de nos objectifs est désormais de créer une antenne dans chaque département et de nous développer à l’international. Le lancement d’antennes est essentiel pour susciter la mobilisation.
Vous souhaitez devenir une organisation internationale ?
Oui, absolument. D’ailleurs, nous allons prochainement inaugurer notre antenne à Washington.
Quelles sont les propositions phares de votre Think Tank ?
Nous proposons le « chèque circuit court », ainsi qu’une mission anti-éco-anxiété pour répondre aux préoccupations croissantes des jeunes face au réchauffement climatique. Nous croyons en l’action comme moyen de réduire l’éco-anxiété. De plus, la méthanisation est une priorité pour nous, tout comme le financement de la transition écologique dans les zones rurales, dont j’ai récemment remis un rapport au Ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.
Vous dites être de droite, mais avez-vous une affiliation partisane ?
Non, aucune. Nous nous considérons de droite mais sommes apolitiques. Toutes les personnes se réclamant de droite peuvent rejoindre notre think tank. D’ailleurs seulement 3% de nos adhérents sont encartés dans des partis politiques.
Comment réussir à se faire une place dans la galaxie écolo, quand vous êtes de droite ?
C’est forcément compliqué, car il existe des organisations très implantées qui ont l’impression d’avoir un monopole sur ces questions. Nous assumons ce combat, c’est une lutte culturelle qui peut parfois être rude.
Qu’est-ce que le climato-scepticisme ?
Ce sont des personnes qui considèrent que l’Homme n’est en rien responsable du réchauffement climatique. Par conséquent, ils viennent ensuite remettre en cause l’urgence écologique et considèrent que l’écologie n’est pas une priorité. Nous observons une augmentation du climato-scepticisme, en partie due à des actions violentes qui peuvent nuire à la crédibilité du mouvement écologiste : interdictions des barbecues, jet de soupe sur des œuvres d’art, etc.
Qu’est-ce qui fait que ces militants sont moins écolos que ceux d’Écologie Responsable ?
Nous privilégions une approche pragmatique et constructive de l’écologie, loin des actions sensationnalistes et dogmatiques. Notre engagement repose sur des solutions réalistes et inclusives.
Vous ne menez jamais d’actions violentes ou de désobéissance ?
Jamais. Nous sommes radicaux dans nos idées car nous proposons des choses radicalement différentes, mais nous privilégions le débat d’idées et l’action constructive. Nous menons un combat culturel pour une écologie ouverte à tous.
On peut être écologiste et de droite ?
Oui, évidemment. De nombreux exemples historiques et contemporains le prouvent. Je vous rappelle que le premier ministre de l’environnement était Robert Poujade nommé par George Pompidou, le Grenelle de l’environnement c’est Nicolas Sarkozy, les lois pour la protection des littoraux sont également nées sous l’impulsion de la droite, etc. Christophe Béchu est un très bon ministre de l’Écologie et il est également plutôt de droite.
Vous êtes un écologiste pro-nucléaire ?
Absolument. Le nucléaire représente, à mon sens, l’une des meilleures options en matière d’énergie décarbonée. Sans le nucléaire, il est difficile d’imaginer une transition énergétique efficace.
Et que pensez-vous des éoliennes ?
Cette question est assez complexe. Contrairement à une croyance populaire, un sondage que nous avons mené révèle que 65% des personnes de droite sont favorables aux éoliennes. Nous soutenons l’installation d’éoliennes, mais à condition que les citoyens locaux soient également favorables. Nous préconisons des référendums locaux pour décider de telles questions, garantissant ainsi une prise de décision démocratique et un soutien communautaire.
Propos recueillis par Radouan Kourak