Faut-il retirer les anti-rhume du marché ? Le débat relancé
La polémique autour des médicaments anti-rhume revient sur le devant de la scène. Vendredi 22 novembre, Alain Astier, membre de l’Académie de pharmacie, a pris position sur franceinfo en appelant à un retrait complet de ces produits du marché. Cette déclaration s’inscrit dans un débat alimenté par des alertes répétées sur les risques associés à la pseudoéphédrine, un ingrédient actif présent dans de nombreux traitements courants comme Actifed, Dolirhume, Rhinadvil ou Humex.
Des risques bien documentés
La pseudoéphédrine agit comme un décongestionnant en provoquant une vasoconstriction, c’est-à-dire le rétrécissement des vaisseaux sanguins. Si cet effet soulage les symptômes du rhume, il peut également entraîner des accidents cardiovasculaires graves, tels que des AVC ou des infarctus. Ces cas restent rares, mais leur gravité conduit à questionner la balance bénéfices-risques. « C’est dommage de risquer un infarctus pour un simple rhume », souligne Alain Astier.
En 2023, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait déjà mis en garde contre ces produits. Cette année, elle propose de franchir une étape supplémentaire en interdisant leur vente sans ordonnance. Elle évoque le « listage » de ces médicaments, une mesure qui les rendrait immédiatement non accessibles en libre-service.
Malgré ces mises en garde, ces médicaments restent populaires. Leur accessibilité dans les pharmacies sans prescription et leur efficacité perçue continuent de séduire de nombreux consommateurs. Pourtant, les autorités sanitaires françaises jugent cette situation préoccupante, en particulier à l’approche de l’hiver.
Si les autorités européennes estiment que le risque est insuffisant pour justifier une interdiction, l’ANSM et plusieurs sociétés savantes françaises (ORL, généralistes, pharmaciens) plaident pour des mesures plus strictes. « Ces produits sont inutiles. Un simple sérum physiologique et un peu de paracétamol suffisent », affirme Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président d’honneur de la Fédération des médecins de France.
Les pharmaciens divisés
Cette proposition de restriction suscite toutefois des critiques, notamment chez certains pharmaciens. « Si on retire ces produits, cela va compliquer la prise en charge des patients qui n’ont pas toujours accès à un médecin », explique Béatrice Clairaz-Mahiou, coprésidente de la Société francophone des sciences pharmaceutiques officinales.
Pour Alain Astier, il est temps de trancher : « Ou bien ces produits ont un intérêt, ou bien ils n’en ont pas. Si ce n’est pas le cas, il faut les retirer du marché. » Face aux désaccords entre autorités françaises et européennes, l’ANSM pourrait choisir de déroger aux règles européennes pour protéger les patients français. Une décision qui, si elle était actée, pourrait marquer la fin d’une longue controverse.