La filiale française de Trenitalia, premier opérateur venu concurrencer directement la SNCF sur la grande vitesse, espère tourner définitivement la page d’une année 2023 particulièrement compliquée. Après l’éboulement spectaculaire survenu dans la vallée de la Maurienne en août 2023, la liaison stratégique Paris-Milan a été coupée durant dix-neuf mois, faisant perdre à la compagnie italienne quelque 850 000 passagers. Cette interruption, totalement imprévisible, a contraint Trenitalia à revoir ses plans en urgence. Privée de sa principale ligne internationale, l’entreprise s’est recentrée sur le très concurrentiel axe Paris-Lyon, en augmentant sa fréquence de trois à cinq allers-retours quotidiens. Ce repositionnement forcé a permis une hausse significative du nombre de passagers (+40 % entre 2023 et 2024). Cependant, avec un taux moyen d’occupation ne dépassant pas 60 %, les rames Frecciarossa (« flèche rouge » en italien) sont loin d’avoir atteint la rentabilité espérée.
Un bilan économique lourd pour Trenitalia France
Le bilan financier de cette mésaventure est sévère : malgré des efforts importants pour capter des voyageurs français, Trenitalia France a enregistré une perte nette de 50 millions d’euros en 2023, pour un chiffre d’affaires avoisinant à peine 46 millions d’euros. Des résultats d’autant plus préoccupants qu’ils interviennent alors que la compagnie bénéficie toujours, jusqu’en décembre 2024, de tarifs préférentiels sur les péages ferroviaires imposés par SNCF Réseau, gestionnaire des infrastructures ferroviaires françaises.
Pour Marco Caposciutti, président de Trenitalia France, 2025 devra impérativement être l’année du rebond. Dès la réouverture complète de la ligne Paris-Milan, l’entreprise entend regagner rapidement des parts de marché sur ce trajet international très prisé. Elle compte pour cela renforcer son offre commerciale en proposant des tarifs attractifs et une expérience à bord valorisant le confort et la rapidité de ses Frecciarossa. La compagnie espère ainsi transformer cette période difficile en une opportunité de croissance à long terme sur un marché français encore dominé par la SNCF, mais où la concurrence est appelée à se développer fortement. Trenitalia veut prouver que, malgré les aléas, elle reste une alternative crédible et ambitieuse sur les lignes à grande vitesse françaises et européennes.