À l’occasion du centenaire du surréalisme, le Centre Pompidou met en lumière les contributions souvent méconnues des artistes féminines du mouvement. Parmi les 500 œuvres exposées jusqu’au 13 janvier 2025, près de la moitié n’a jamais été montrée au public, et 38 artistes féminins y occupent une place significative. Cette rétrospective est une occasion unique de redécouvrir des figures comme Ithell Colquhoun, Remedios Varo et Yahne Le Toumelin, dont les créations se mesurent aisément aux œuvres de Salvador Dalí, Joan Miró ou Max Ernst.
« Près de la moitié des œuvres présentées sont inédites », précise Didier Ottinger, commissaire de l’exposition, à FranceInfo. Ithell Colquhoun, par exemple, figure clé du surréalisme britannique, explore à travers ses toiles des thèmes mystiques et occultes, souvent associés à la sexualité et à la nature. Écartée du mouvement surréaliste en 1940 en raison de son intérêt pour l’occultisme, elle a vu son héritage redécouvert récemment, notamment grâce à l’acquisition de ses archives par la Tate Gallery. Trois de ses tableaux, exposés dans la salle sur le mythe de Mélusine, témoignent de son univers unique, fusionnant anatomie féminine et paysages souterrains.
Remedios Varo, exilée au Mexique après avoir fui la guerre civile espagnole, a enrichi son art en explorant les thématiques de l’enfermement et de la résistance féminine. « Le thème de l’enfermement est central dans son œuvre, reflet de son vécu tragique », souligne FranceInfo Culture. Ses créations, peuplées de créatures fantastiques et d’allégories oniriques, sont présentées dans la salle thématique dédiée à l’alchimie, un sujet qu’elle a longuement exploré. Son univers singulier, alliant magie et mystère, fait de Varo l’une des figures incontournables de cette exposition.
Autre artiste mise en lumière : Yahne Le Toumelin, pionnière française de l’abstraction lyrique, dont la trajectoire artistique est marquée par sa conversion au bouddhisme. Ses œuvres, influencées par sa quête spirituelle, intègrent des éléments mystiques et poétiques, révélant une profonde réflexion sur la condition humaine. Sa fresque Le Cheval de Merlin l’enchanteur, réalisée en 1953, dialogue avec les œuvres des plus grands surréalistes dans l’exposition.
Alors que le surréalisme a longtemps été perçu comme un mouvement dominé par des figures masculines, cette rétrospective rend justice aux artistes femmes, longtemps reléguées au second plan. « Beaucoup de recherches universitaires ont depuis relu le surréalisme comme un mouvement international, qui a fait une place décisive aux artistes femmes », explique Marie Sarré, commissaire de l’exposition, à La Dépêche du Midi. En explorant la diversité des contributions féminines, cette exposition revisite l’histoire du surréalisme et célèbre pleinement la richesse et la pluralité de ce courant artistique.
Alice Leroy