EXCLU – Vincent Lagaf’: « Pour me résumer, on pourrait dire que je suis un grand malade, imprévisible, mais très fidèle… avec mes amis ! »

Vincent Lagaf' Bigdil RMC Story

Depuis le 2 janvier, Vincent Lagaf’ est de retour chaque semaine sur RMC Story avec son émission culte le Bigdil, qui avait connu son heure de gloire sur TF1 de 1998 à 2004. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce come-back est un véritable succès ! Le jeu a attiré plus de 1,8 millions de téléspectateurs, avec un cumul allant jusqu’à 2,35 millions en comptant le replay. C’est tout simplement la meilleure audience de l’histoire surla TNT pour un divertissement. Un véritable plébiscite auquel tout le monde ne croyait pas, mais qui démontre la popularité toujours aussi forte du jeu et de son animateur. Ce succès du Bigdil est l’occasion de republier une interview de Lagaf’ accordée à Entrevue, dans laquelle l’animateur se confiait sans filtre. Un entretien à déguster sans modération!

Entrevue : Est-ce que Lagaf’ sait vraiment qui est Lagaf’ ? Pour quelqu’un qui ne te connaîtrait pas, tu te désignerais comment ?
Lagaf’ : 
Je crois que, pour me résumer, on pourrait dire que je suis un grand malade, imprévisible, mais très fidèle… avec mes amis ! ( Rires )

Grand malade ? C’est de l’auto-dénigrement ! 
Non, au contraire c’est exactement ce qui me définit ! Je connais mes limites, mais je les dépasse allègrement ! Je crois que maintenant, les gens le savent, je suis un vrai casse-cou, et j’adore ça !

Un casse-cou ou un casse-couilles ?
( Rires ) Je le reconnais, j’ai pu l’être ! Quand le star-système a voulu faire de moi ce que je suis devenu à une époque, j’ai pu être ingérable, effectivement… Et si j’ai réussi à m’en rendre compte et à me calmer, c’est grâce à mes amis et mes proches qui n’ont pas hésité à me dire que je les faisais chier…

Donc à l’inverse de ce que l’on pourrait croire, Lagaf’ n’est pas susceptible ?
Non, pas vraiment, il faut juste que lorsqu’on me reproche quelque chose, ce soit fondé ! Je suis juste facilement blessable. Je suis un hypersensible qui vit très mal l’agressivité.

Donc face à la critique, tu réponds quoi ?
La critique, tout le monde devrait l’accepter tant qu’elle nous tire vers le haut. Ça a été mon cas, donc j’accepte qu’on me remette à ma place quand il le faut ! 

Et tu acceptes toutes les vérités ?
Oui, mais je le répète, si on sait que ça va me blesser, je préfère qu’on me la cache… Le syndrome de l’autruche, j’ai bien connu ! 

Tu es très apprécié par la province, mais Paris te boude un peu, non ?
Ce n’est pas que Paris me boude, mais ce qui est compliqué avec le public parisien, c’est qu’il te pardonne beaucoup moins d’erreurs… Et c’est vrai, j’ai toujours été adoré par les gens de la province. Pourquoi ? Aucune idée… Je ne dis pas que les Parisiens sont snobs et prétentieux, mais ils ont tellement plus de choix que les autres, que parfois, tu les saoules assez vite sans t’en rendre compte…

On parle de vérité, mais si on abordait un peu le mensonge… Le milieu de la télé en est gangrené !
À qui le dis-tu ! Et j’aime toujours dire qu’à la télé, il y a deux mensonges que tu entendras à vie : « Ton chèque est parti ce matin » et : « T’inquiète pas, on arrangera ça au montage » ! ( Rires )

Dis donc Lagaf’… Tu as passé le cap de la soixantaine… Toi l’éternel jeune fou, ça te chagrine ?
Je ne suis vraiment pas du genre à avoir peur de vieillir. La seule chose qui peut m’angoisser, c’est de souffrir dans la vieillesse. Le jour où je devrai partir d’ici, j’aimerais que ça arrive d’un coup, sans que je m’en aperçoive… Clac ! Un soir, tu t’endors et tu ne te réveilles pas ! Ça, ce serait le rêve ! Je n’ai pas envie d’avoir mal partout… Mais pour être franc, l’âge, j’en ai rien à foutre, je ne célèbre aucun de mes anniversaires, ça me gonfle et surtout, je trouve que ça sert à rien ! 

Donc pas de grosse fête entre potes ?
Non, et de toutes façons, je ne bois pas une goutte d’alcool, alors ça ne sert vraiment à rien de faire la fête pour ça ! ( Rires )

Il y a 30 ans, tu faisais tes débuts sur scène, en solo… Ça te manque, le one-man-show ?
Pas du tout ! Et je suis même incapable de te dire si c’est quelque chose que j’aimerais refaire ! J’ai découvert le théâtre, la vie de troupe et l’ambiance d’une équipe, ça m’éclate vraiment ! Et tu veux que je te dise, c’est bien plus facile de pouvoir se reposer sur ses potes comédiens pendant le spectacle ! Le one-man-show, t’es tout seul, et tu prends les risques tout seul ! C’est très flippant mine de rien…

Tu as joué dans la pièce Le jeu de la vérité. Et c’était aussi une grande émission de télé, il y a une trentaine d’années, animée par Patrick Sabatier. Tu aurais aimé avoir les rennes d’un programme dans ce genre-là ?
Absolument pas ! Rentrer dans la vie intime des gens, ça ne m’intéresse pas ! Chercher à mieux les connaitre, à mieux les comprendre, ce n’est pas mon truc. Et je crois que je ne suis pas fait pour ça ! Quand on me confiait une émission, les producteurs savaient très bien que j’allais partir en impro et lâcher les chiens ! C’est ça qui me correspond vraiment, et rien d’autre. 

Alors tu n’aimerais pas la présenter, mais j’ai entendu dire que tu adorerais y participer… C’est assez paradoxal pour un grand pudique comme toi… 
C’est vrai que je n’aime pas trop me dévoiler, mais si c’est pour la bonne cause, je me dirais que les gens ont envie d’en savoir un peu plus sur moi et je le ferais ! Je crois surtout que je l’aurais fait à l’époque de Sabatier. Aujourd’hui, on est rentré dans un journalisme de buzz… Et le buzz pour le buzz, franchement, c’est nul!

Tu n’aimes pas de dévoiler. Pire, tu n’as jamais voulu être connu. Là tu t’es bien planté ! 
Et bien, effectivement, ce n’était pas prévu ! 

Et cette notoriété, tu la vis plutôt mal…
Coluche disait : « Au début de la carrière, le succès est un parfum, après, c’est une odeur… ». Alors oui, c’est très agréable d’être connu, de voir des gens qui te manifestent de la tendresse, de l’amitié,  et de l’amour, mais parfois c’est encombrant ! Et je ne parle même pas du manque de savoir-vivre de certains, et de la vulgarité avec laquelle tu peux te faire aborder dans la rue !

Tu as un rêve d’émission ?
Non pas vraiment… Ah, si ! Secrètement, j’aimerais bien présenter le journal télévisé !

On peut dire que Lagaf’ est cash ! Tu arrives à dissimuler les choses ou il faut que ça sorte ?
Le problème, c’est que quand j’ai un truc sur le cœur, si ça ne sort pas tout de suite, je vais le ruminer et ça sera encore pire plus tard ! Donc quand il y a un truc à dire, je n’hésite pas, je me lâche ! Et Dieu sait si ça a pu me coûter cher…

Est-ce que tu pardonnes facilement ?
Regarde mon tatouage ! C’est écrit sur mon bras : « Je pardonne mais je n’oublie pas » ! C’est un dicton gitan qui me guide.

Pour toi, l’homme aux exploits sportifs les plus fous, ce serait quoi LA limite de Lagaf’ ?
Je crois que je l’ai atteinte plusieurs fois en finissant aux urgences ! ( Rires ) Ah, si, il y en a une… Je serais incapable de tourner un film porno !

Pourtant ça marcherait peut-être bien !
Oui, ça ferait sans doute des entrées ! Et autre chose, si on me demande, dans une scène à la télé ou au théâtre, d’embrasser quelqu’un sur la bouche, bah tu vois, ça me gênerait…

Tu as une phrase assez rigolote : « Dans un monde inversé, on se baigne au sec »… Pour quoi tu te mouillerais complètement ?
Je me mouille complètement pour mon fils ! Mais aussi pour des amis qui en ont besoin… Et je suis capable de me jeter dans le grand bain sur un coup de tête ! Quand j’ai joué cette pièce l’année dernière, ça m’a pris comme un déclic, et j’ai annulé tout ce qui était prévu, uniquement pour cette envie !

Et pour quoi tu te mettrais complètement à sec ?
Pour un caprice ou pour une colère. Je suis capable de tout envoyer chier en deux minutes. Je ne plante pas les gens, mais je suis capable de tout foutre en l’air aussi vite que j’ai dit oui.

Donc tu es un grand caractériel… 
Ouais… Tu peux le dire, un sale con même, parfois…

Interview diffusée dans le numéro 321 d’Entrevue

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Entré à la rédaction d’Entrevue en 1999 en tant que stagiaire avant d'en devenir le rédacteur en chef en 2014, Jérôme Goulon a dirigé le service reportages et réalisé de grosses enquêtes en caméra cachée et d’infiltration. Passionné de médias, d’actualité et de sport, il a publié de nombreuses interviews exclusives. En parallèle, il apparaît régulièrement depuis 2007 à la télévision sur différentes chaînes ( TF1, France 3, M6, C8, NRJ 12, RMC Story ), notamment sur les plateaux de Jean-Marc Morandini et Cyril Hanouna. Il a également été chroniqueur pour Non Stop people (groupe Canal+) et sur Radio J. 

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