Emmanuel Macron multiplie les entretiens téléphoniques cette semaine, illustrant l’activisme diplomatique de la France sur plusieurs dossiers clés au Moyen-Orient. Ce mercredi 5 février 2025, le président de la République a successivement échangé avec Abdel Fattah al-Sissi, président égyptien, et Ahmed Al-Charaa, président intérimaire des autorités syriennes de transition. Deux entretiens stratégiques à l’approche de la conférence internationale pour la Syrie prévue le 13 février à Paris.
Sur la Palestine : Macron et al-Sissi sur la même longueur d’onde
Avec Abdel Fattah al-Sissi, le ton a été ferme. Les deux dirigeants ont exprimé leur refus catégorique de tout déplacement forcé des populations palestiniennes, qu’il s’agisse de Gaza ou de la Cisjordanie. Pour Paris et Le Caire, il ne s’agit pas seulement d’une violation du droit international, mais d’un danger pour la stabilité régionale, notamment en Égypte et en Jordanie, déjà sous pression. Les deux chefs d’État ont réitéré leur attachement à la solution à deux États et leur engagement à maintenir le cessez-le-feu. Un message destiné autant à Israël qu’aux acteurs internationaux présents dans ce dossier épineux.
L’entretien a aussi été l’occasion d’aborder des sujets bilatéraux, la France renouvelant son soutien à la stabilité égyptienne, enjeu clé dans la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires.
Syrie : une conférence sous haute tension
Quelques heures plus tard, c’est à Ahmed Al-Charaa, président intérimaire des autorités syriennes de transition, qu’Emmanuel Macron a passé un coup de fil. Ce dialogue intervient alors que la France accueillera dans quelques jours une conférence internationale pour tenter d’accélérer la transition politique en Syrie. Macron a insisté sur la nécessité pour les autorités intérimaires de répondre pleinement aux aspirations du peuple syrien, notamment en intégrant les Forces démocratiques syriennes (FDS) dans ce processus de transition.
Une position qui n’est pas anodine, alors que les Kurdes des FDS jouent un rôle majeur dans la lutte contre le terrorisme, mais peinent encore à trouver leur place dans les discussions politiques. La France, fidèle à ses engagements, se positionne comme un allié déterminé à soutenir leur intégration. « La lutte contre le terrorisme reste un axe prioritaire », a martelé Macron, soulignant que la sécurité du peuple syrien et celle de la France étaient liées.
Paris, chef d’orchestre discret des discussions régionales
En coulisses, Paris espère jouer un rôle de médiateur de premier plan. En multipliant les contacts bilatéraux, Emmanuel Macron cherche à bâtir des consensus avant la conférence du 13 février. Les dossiers palestinien et syrien, bien que distincts, sont vus par l’Élysée comme deux piliers de la stabilisation du Moyen-Orient. Une approche ambitieuse mais risquée, alors que les divergences entre les acteurs régionaux restent profondes.
Pour Emmanuel Macron, le téléphone est devenu son arme diplomatique favorite, permettant à la France de rester au centre des discussions. À quelques jours de la conférence internationale sur la Syrie, le président pourrait encore multiplier les appels. L’Élysée sait qu’en matière de diplomatie, chaque mot compte, et qu’un coup de fil peut parfois changer la donne.