Jackson Richardson est un homme libre. Mais très occupé. L’ancien meilleur joueur de handball de la planète ( 1995 ) est désormais grand-père, père d’un champion olympique ( Melvyn Richardson ) et capitaine de l’équipe de France olympique pour les JO de Paris 2024. De sacrées responsabilités. En exclusivité, il s’est confié à Entrevue le lendemain de ses 55 ans, un anniversaire fêté chez lui le 14 juin sur l’île de la Réunion, quelques jours après avoir été porteur de la flamme olympique. Tout un symbole… Retrouvez l’intégralité de cette interview dans le nouveau numéro d’Entrevue, actuellement en vente partout en France, dont voici un extrait…
En 2019-2020, vous vous êtes lancé en politique pour les municipales à Marseille. C’était une volonté de faire changer les choses ?
Non, c’est personnel. Je ne vais pas faire marche arrière, ce serait malhonnête de vous dire que je n’ai pas fait la politique. C’est vrai que j’ai été sollicité pour l’élection de maire à Marseille. Mais je leur ai dit que ma politique, c’est le sport. Je voulais m’installer dans le Sud, à Marseille, je leur avais dit que c’était une opportunité pour moi de ramener ma famille dans cette ville. Ils m’ont proposé ce projet en visant les Jeux Olympiques à Paris dans quatre ans. Je pensais accompagner ces personnes, m’occuper du sport à Marseille. C’était mon objectif. Et la chose que je maîtrise le mieux. La politique, je ne la maîtrise pas. Jusqu’à aujourd’hui, ma politique restera toujours le sport. Il y a des choses qui sont faites pour vous, il y a des choses non.
Vous aviez d’ailleurs déjà pris une claque en politique, en 1994…
Je jouais à l’OM-Vitrolles. Le maire de Vitrolles m’a donné l’opportunité de pratiquer mon sport et de gagner ma vie. En fait, le président Jean-Claude Tapie et le maire de Vitrolles avaient comme opposition le Front National. On m’a demandé de faire un discours pour parler de ma ville. Si le FN passait, fin de la subvention pour le handball. J’ai parlé, mais je ne me suis pas rendu compte de l’impact que ça allait avoir. Je rentre chez moi, je vois Jean-Marie Le Pen dans les JT de 20 heures. Il déclare que « ce noir américain depuis pas très longtemps naturalisé ne devrait s’occuper que de son sport au lieu de la politique… » Pendant deux ou trois mois, je ne répondais plus au téléphone, car je recevais des menaces de mort. J’étais obligé de changer de chemin, car j’avais peur d’être suivi entre Vitrolles et chez moi. La politique, j’ai compris… Il y a des choses avec lesquelles il ne faut pas jouer.
C’est terrible…
J’en parle parce que c’est ce que j’ai vécu. Quand je jouais en Allemagne, j’étais le joueur de couleur. J’entendais des bruits de singes pendant le match. Ça me transformait, j’avais envie de faire plus à cause de ça. À la fin du match, ces gens-là demandaient des autographes. J’en rigolais.
30 ans plus tard, ça n’a pas évolué…
C’est vrai que ça fait mal. Ça forge un homme. Les gens qui pensaient me pénaliser m’ont transporté, ils m’ont renforcé. On est là sur Terre pour accompagner, pour donner l’opportunité à l’autre. Avant de recevoir, il faut savoir donner. J’ai appris sur moi-même. J’ai appris à être dans la transmission… On a une mission sur Terre. Cette mission m’anime. Je sais que le plus important, c’est de dire, profitons de la vie. Donnons sans regret.
Pour retrouver l’intégralité de cette Interview, réalisée par Thibaud Vézirian, rendez-vous dans le nouveau numéro d’Entrevue, actuellement en vente