Leee John s’est fait connaître dans les années 1980 grâce à son groupe Imagination et le tube planétaire Just an Illusion, classé numéro 1 en France et dans le Top 10 partout dans le monde. Aujourd’hui âgé de 67 ans, il ne veut pas entendre parler de retraite et vient de sortir un nouveau titre, Music, avec Billy Obam, choriste de Serge Gainsbourg. Nous l’avons rencontré à cette occasion.
Jérôme Goulon : Tu a sorti un nouveau single avec Billy Obam, ex-choriste de Serge Gainsbourg. Parle-nous de ce morceau…
Leee John : Je connais Billy depuis de nombreuses années. Il est apparu avec moi sur scène à beaucoup de mes concerts. Il a apporté l’idée originale du titre Music, et j’aime le message positif qu’il véhicule. J’ai écrit la mélodie et j’ai donné au titre un aspect afro de rue.
Serge Gainsbourg est un artiste qui t’inspire ?
Oui, je connais Gainsbourg. Tout ce que je peux dire, c’est que c’était un artiste unique et un peu fou.
Quand on a plus de 40 ans de carrière, quel est le sentiment qui prévaut ? La fierté ou la nostalgie ?
Un peu des deux. Le passé m’a beaucoup donné, et la vie est plus derrière moi que devant moi. Malgré ça, je vis pour le moment présent et le futur. Toujours apprendre, même après 40 ans de carrière, c’est pour moi la clé de la vie.
Tu as connu le succès très tôt, en 1982, avec la chanson Just an illusion. Tu t’attendais à un tel succès ?
Non, je ne m’y attendais pas du tout. Le succès avait même commencé un an avant ce titre, avec notre premier album. Je pensais d’ailleurs que ça s’arrêterait là, mais il y a eu Just an Illusion qui a cartonné dans le monde.
Chose assez incroyable, le groupe Imagination n’aurait pas existé si la poste anglaise ou américaine n’avait pas perdu vos cassettes..
( Rires ) Oui, ça a changé notre destin.
« Si la poste n’avait pas perdu mes cassettes, le titre Just an Illusion n’aurait sans doute jamais existé ! »
Raconte-nous…
J’avais un projet de carrière solo, et j’ai enregistré des voix en studio. Les pistes devaient être mixées aux États-Unis, mais les bandes ont été perdues lors de l’envoi. Du coup, plutôt que de tout réenregistrer, le studio a eu l’idée d’un trio avec Errol Kennedy, Ashley Ingram et moi-même. Et c’est somme ça que le groupe Imagination est né. Si la poste n’avait pas perdu mes cassettes, le titre Just an Illusion n’aurait sans doute jamais existé !
Le nom du groupe, Imagination, est un hommage à John Lennon. Pourquoi ce choix ?
En 1981, sa chanson Imagine était numéro 1 dans les charts, il venait d’être assassiné et on voulait lui rendre hommage. On a donc appelé notre groupe Imagination. Il a été une grande source d’inspiration pour moi. Comme beaucoup d’autres artistes d’ailleurs.
Tu es toujours en contact avec Ashley Ingram et Errol Kennedy, les autres membres du groupe Imagination.
Non. Nous vivons des vies différentes depuis plus de 40 ans…
Aujourd’hui, tout le monde se souvient de toi pour cette chanson Just an illusion. C’est une fierté d’avoir un titre qui a autant marqué les gens, ou tu en as marre qu’on ne te parle que de cette chanson ?
Ma carrière ne se résume pas à cette chanson, mais plusieurs. J’ai récemment eu un beau succès avec Gorillaz et le titre The Lost chord. J’ai même tourné avec eux, cela m’a donné un tout nouveau public. J’ai aussi travaillé avec Jorge Vercillo, qui a deux Grammy latino. J’ai aussi enregistré un album de jazz à Rochefort aux Alhambra Studios. Ça a été un grand tournant pour ma carrière, car j’ai maintenant aussi un public jazz. Je viens de terminer un album de jazz très réussi avec un membre du groupe Shakatak, Bill Sharpe. Notre titre Take me back a été classé premier au classement des hits soul au Royaume-Uni. Donc tu vois, il s’en est passé des choses depuis Just an illusion !
En 40 ans de carrière, de quoi es-tu le plus fier ?
Je suis fier de tous les grands moments de ma carrière, et je n’ai aucun regret. Comme je te le disais, je ne regarde pas mes 40 ans de carrière, je regarde devant moi. Je reste tourné vers l’avenir. Comme le dit ma chanson Music and Lights, la vie commence aujourd’hui !
C’est vrai que ton premier instrument avait été de la flûte à bec ?
Oui. En fait, dès l’âge de 10 ans, j’ai commencé à jouer du piano, du violon, et de la flûte à bec ! Je chantais aussi dans des chorales. Très tôt, j’ai su que je voudrais devenir chanteur, et par chance, mes parents m’ont soutenu dans ce choix, alors que c’était très difficile pour les Noirs.
Tu as déclaré à ce sujet que le racisme a longtemps été institutionnalisé partout dans le monde…
Oui, clairement ! Les groupes noirs avaient moins de budget que les groupes blancs. Dans les années 1980 les budgets pour les artistes noirs étaient vraiment très bas, on avait le strict minimum. On devait se battre deux fois plus, car les labels ne croyaient pas aux chanteurs noirs. Je suis né au Royaume-Uni, mais j’ai constaté que le racisme était partout.
Les choses ont-elles évolué?
Le racisme est malheureusement toujours là, mais sous différentes formes…
Tu travailles depuis presque 10 ans sur un documentaire autour de la musique noire au Royaume-Uni. Quand sortira-t-il enfin ?
Je prépare en effet un documentaire sur l’histoire de la musique noire, qui s’appellera Flashback. Il faut encore un peu attendre…
Si je comprends bien, même après plus de 40 ans de carrière, la retraite, ce n’est pas pour toi…
Oh que non ! Comme je l’ai déjà dit, il faut profiter de l’instant présent.
Tu aurais un dernier mot à dire pour nos lecteurs ?
Je finirai par trois mots : paix, amour et lumière ! ( Leee John termine l’interview par deux mots en français, Ndlr. ) Bisous bisous ( Rires )