Éric Dupond-Moretti, entre réquisitoire et catharsis sur les planches du théâtre Marigny

Éric Dupond-Moretti, entre réquisitoire et catharsis sur les planches du théâtre Marigny

Éric Dupond-Moretti n’a jamais eu peur des tribunaux. Cette fois, c’est sur scène qu’il règle ses comptes. L’ancien ministre de la Justice a fait ses premiers pas au théâtre Marigny avec son one-man-show J’ai dit oui !, une plongée dans ses quatre années à la Chancellerie, entre passion, frustrations et règlements de comptes.

Devant une salle comble, il s’est livré avec son verbe tranchant et son charisme intact. Le spectacle est une ode à son expérience ministérielle, entre admiration pour la fonction et rancune tenace contre une magistrature qui, selon lui, l’a toujours combattu. « Ce n’est pas rien, la salle est pleine, c’est un texte qu’il a fallu apprendre, on est au mot près. Il y a du stress, mais aussi un immense plaisir », a-t-il confié après la première.

Dès les premières minutes, la mise en scène est épurée : un fauteuil club, un écran géant et un pupitre transparent, celui-là même qu’il utilisait Place Vendôme. « Vous le reconnaissez ? C’est le lutrin du ministère », s’amuse-t-il. Le ton est donné. Il raconte l’honneur d’avoir été choisi par Emmanuel Macron, le poids du costume ministériel, et surtout, le combat acharné qu’il a mené contre une magistrature qui, selon lui, l’a toujours perçu comme un intrus.

Son ressentiment est intact. François Molins, ancien procureur général près la Cour de cassation, Céline Parisot, ex-présidente de l’Union syndicale des magistrats, les magistrats du Parquet national financier… tous sont nommément cités et sévèrement étrillés. Il n’oublie rien, ni personne. Il revient sur son propre procès devant la Cour de justice de la République, une épreuve qu’il juge injuste et dont il est sorti blanchi. « Trente mille articles ont été écrits sur moi », martèle-t-il, reprochant aux médias d’avoir amplifié cette affaire.

Sur scène, Éric Dupond-Moretti ne joue pas, il vit. Son metteur en scène, Philippe Lellouche, le guide, mais peine à le freiner. « Joue-le comme du Racine », lui lance-t-il. « J’en ai pas fait souvent du Racine », rétorque l’ancien avocat, mi-amusé, mi-agacé, avant de plonger à nouveau dans son monologue. Sa parole est brute, parfois théâtrale, toujours habitée.

Si ce spectacle est un exutoire, il est aussi une réflexion plus large sur la justice et la politique. Dupond-Moretti décrit un fossé grandissant entre les citoyens et leurs dirigeants, entre le pouvoir et ceux qui le jugent. « Le peuple déteste le mensonge mais il déteste aussi la vérité », lâche-t-il, lucide sur les contradictions de l’opinion publique.

Au sortir de la représentation, les avis sont partagés. Certains saluent une performance puissante et sincère, d’autres dénoncent un règlement de comptes trop personnel. Loin d’en être troublé, l’ancien ministre assume. « On va tourner un peu partout en France, non-stop », annonce-t-il. Une chose est sûre : Éric Dupond-Moretti n’en a pas fini avec la scène. Ni avec la justice.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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