La réalité économique rattrape le gouvernement. Selon des informations de L’Opinion, Éric Lombard, nouveau ministre de l’Économie, s’apprête à abaisser les prévisions de croissance pour 2025 à 0,8 %. Une révision significative par rapport à la prévision initiale de 1,1 % retenue par Michel Barnier dans son budget.
Cette décision, bien que tardive, semblait inévitable. La croissance française subit les effets combinés du ralentissement économique européen et d’un climat politique marqué par l’incertitude. La Banque de France avait déjà mis en garde mi-décembre en tablant sur une prévision légèrement supérieure, de 0,9 %. L’Insee, de son côté, fait preuve d’encore plus de prudence, estimant un « acquis de croissance » de seulement 0,5 % à mi-année, après une progression trimestrielle limitée à 0,2 %. Pour atteindre 0,9 %, il faudrait une nette accélération de l’activité au second semestre, ce qui paraît improbable.
Une nouvelle stratégie économique
Un tel ajustement des prévisions de croissance n’est pas sans impact sur les finances publiques. Chaque baisse de 0,3 point de croissance entraîne mécaniquement une augmentation du déficit d’environ 0,2 point de PIB, en raison du manque à gagner sur les recettes fiscales. Dans ce contexte, Éric Lombard et la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, visent un déficit pour 2025 proche de 5,5 % du PIB, contre une projection initiale de 5 % dans le budget Barnier. Si cet objectif reste ambitieux, il marque une inflexion par rapport au déficit de 6,1 % prévu pour 2024. Cependant, réduire l’écart entre recettes et dépenses de 0,6 point apparaît plus réaliste que l’effort d’1,1 point initialement envisagé par le précédent gouvernement.
Pour autant, Éric Lombard semble déterminé à éviter une explosion fiscale. « La Banque de France est un organisme sérieux, presque autant que la Caisse des dépôts », plaisante un conseiller du ministre, rappelant les origines professionnelles de ce dernier. Moins dogmatique que son prédécesseur, Lombard pourrait chercher à préserver un équilibre entre rigueur budgétaire et soutien à la croissance.
Néanmoins, la trajectoire de réduction des déficits reste indispensable. « Il faut qu’on revienne dans la zone des 5 %. Entre 5 % et 5,5 %. Au-delà, on se met en très grand risque », avertit un expert des finances publiques. Ce « risque », bien réel, est celui d’une France toujours plus vulnérable face à la pression des marchés financiers, dans un contexte de remontée des taux d’intérêt.
Un choix contraint mais nécessaire
Ce réajustement des prévisions illustre les limites d’un modèle économique qui a trop longtemps misé sur des hypothèses optimistes. À force de fuir la réalité, les gouvernements successifs ont laissé filer la dette publique, fragilisant ainsi notre souveraineté nationale.
Éric Lombard hérite donc d’un défi colossal : redresser une économie atone tout en rassurant les créanciers de l’État. Une tâche délicate qui exigera des choix courageux et un véritable changement de paradigme. Le moment est venu pour la France de se ressaisir et de réaffirmer sa souveraineté économique, sous peine de devenir une nation dépendante des décisions prises ailleurs.